Satori › Infect

Malgré le rendement plutôt modeste des sorties de Satori (deux cassettes et un album en vingt-quatre ans d’existence !) ‘Infect’ reste l’un des plus beaux manifestes de musique industrielle. Enregistré voilà plus de vingt ans par Rob Maycock et Dave Kirby avant d’être dépoussiéré en 1993 (et réapproprié par la suite par Justin Mitchell, monsieur Cold Spring Records), il accompagne en intensité la vague des vieux Grey Wolves et préfigure la lourdeur de Brighter Death Now ou Proiekt Hat en ce qui concerne les ambiances poisseuses et anxiogènes tout en gardant une touche à part, notamment par l’abus de superpositions de bruits de machines (le très agressif ‘Action/Infection/Instruction’ qui reprend les intitulés du manifeste inclus dans le livret, ou encore l’étouffant ‘The Hammer and the Cross’). Il reste toutefois toujours une patte humaine, qu’il s’agisse de modulations presque harmonieuses de grincements, de sampling ou d’ordres divers ; à noter aussi l’étonnant ‘Mali Rain’ que l’on croirait piqué à Muslimgauze puis légèrement frotté sur du papier de verre, ainsi que ‘Power of the Gun’ à l’orgue synthétique volontairement cheap sur lequel on a rajouté quelques bruitages bien sentis. On termine sur un ‘Little Prayer’ bien malmené et un dernier titre très étouffé d’une pesanteur quasi-astrale (un oxymore à la Great Death ou Nordvargr) qui envoie l’auditeur aplati au confins de l’univers. Salissant et grandiose.