The Dismemberment Plan › Emergency & i

Ô joie ! Ô allégresse ! C'est en moyenne une fois par an que j'ai la chance de tomber sur d'excellentes surprises, et celle-ci en est une de taille. Mon seul regret étant de ne pas avoir su saisir la balle au bond et d'en profiter qu'après coup, car l'album dont je vais vous narrer les mérites date déjà de 1999. Comment a-t-on pu passer à côté de ce qui ressemble à s'y méprendre à un compendium de musique pop magnifiquement orchestré où les références se percutent dans un feu d'artifice d'anthologie ? The Dismemberement Plan en est déjà ici à son troisième disque, et d'après ce que j'ai écouté pour le moment, il semble être leur meilleur. "Emergency & I" est un album pop. Oui. Mais de grande facture. La grande classe. La grande claque même. Alors que dernièrement l'on n'a pas arrêté de me bassiner les oreilles avec Mars Volta, une excroissance de At the Drive-In, un groupe qui, en définitive, s'écoute beaucoup jouer, et que l'on me présentait comme la dernière sensation du moment, j'ai trouvé bien plus d'originalité, d'allant et d'efficacité dans la quarantaine de minutes de ce petit chef-d'oeuvre dont je vais décortiquer avec vous les moments forts. Ça commence avec "A Life of Possibilities", un titre qui repose tout entier sur les secousses telluriennes d'un bassiste qui ne va pas cesser de nous surprendre. Déjà, cette formidable abileté à trouver des mélodies simples et qui font mouche tant à la guitare qu'au chant. "What Do You Want Me To Say ?", bien que répondant à un calibrage qui se voudrait vendeur, a un potentiel énorme. Et comme sur tous les titres de cet album, il contient en lui quelques plans inattendus qui donnent du relief à leur compositions. Il y a aussi un tir groupé de tirs malades, qui donnent la part belle à un batteur de toute évidence amoureux des temps composés : "Memory Machine", "I Love a Magician", "Gyroscope", "8 1/2 Minutes", tous extatiques, et quelque part pas loin des convulsions des agitateurs no-wave comme les Stickmen, James Chance ou les B-52's et XTC à leurs premières heures. "Girl O'Clock", un pamphlet sur l'impérieux désir sexuel, a, quant à lui, des airs de "Neurotica" de King Crimson, le côté fun et désinvolte en plus. Au milieu de ce parcours semé d'embûches, on sera tombé sous le charme de la ritournelle dub "Spider in the Snow", le hanté "The Jitters", le magnifiquement lyrique "The City" et son synthé virevoltant, et enfin un "Back and Forth" en final complètement remuant. En fait, c'est bien simple ; depuis que je me suis enfin décidé à écouter ce disque qui attendait dans la pile de disques dont je dois encore faire le compte rendu, il ne quitte plus mon lecteur cd. Notez bien, chers amis, le moment est historique : je met un six plus que mérité à ce disque !