‘Little Nemo in Slumberland’ en B.D, Little Nemo sur cd… Volume 1, les années 87-89, trois albums, car je supposais qu’il s’agissait des plus sombres. ‘Dream pop’, j’aime pas trop ces images fourre-tout surtout quand on y fait cohabiter Mary Goes Round et les torturés Asylum Party. Bref, Little Nemo un combo français que j’apprécie mais sans excès, capables de pondre des titres merveilleux, d’autres un peu soft à mon goût. En même temps, démarrer son disque avec une merveille telle que ‘New flood’… Rythmique froide à la Cure de ‘Just like heaven’ mais une voix plus ample, comme perdue dans le ciel du soir et une guitare tendue montant comme une vague menaçante, du lourd. Cure d’ailleurs, probablement une influence déterminante, dans cette manière de tisser des chansons à mi-chemin entre le ciel (les claviers) et la terre. Sauf que les Français ne sont pas du style à s’enfermer dans des modèles trop précis et rendent hommage à la bande dessinée d’où ils tirent leur nom, ainsi sur ‘Marine’ valse céleste parfumée aux embruns salés, très beau malgré le chant un peu doux, idem mais version urbaine menaçante pour l’adaptation d’un poème de Baudelaire ('A une passante'). On peut signaler aussi un ‘Johnny got his gun’ au piano mais qui peine à atteindre pleinement la profondeur de son intention. Le combo s’en sort mieux sur des compositions plus rythmées, musclées, au chant plus net telles que ‘Sandcastle’, ‘Blue years’, ‘Handful of Sand’ témoins d’une maitrise délicate de la composition capable de se gorger de post punk et d’une aura froide dans laquelle l'équilibre des instruments joue son rôle. Little Nemo chantres d’une nostalgie qu’ils n’assument pas entièrement d’où des ambiances assez uniques. Le second cd confirme cette drôle de froideur turquoise en plus sombre puisque chronologiquement enregistré avant où l’on sent un travail d’écriture important, avec une production légèrement moins propre, plus sablonneuse. Il inclut également de fort bons moments emportant ma pleine adhésion, ainsi ‘Future is now’ très Clair Obscur dans le feeling, la valse grise de ‘La Ballade des pendus’, ‘Alan’s waiting’ , l’excellent ‘Be seeing you’ ou un ‘Seconds’ très cold wave, avec un zeste d’expérimentation plus développé. L’univers des Français est bercé d’un onirisme qui a perdu une naïveté purement enfantine mais refuse encore le monde adulte, il exprime un drôle de pincement au coeur pas entièrement nostalgique ni réellement colérique; c’est ce qui le rend si puissant. 4,5/6