Pourquoi, dans une foire, opte-t-on pour un tour dans le train fantôme ? Pas réellement pour avoir peur, plutôt pour le délire qu’on s’y paie, pour le plaisir de faire semblant de crier d’effroi, de découvrir à chaque coude du tunnel des drôles de mannequins couverts de toiles d’araignée ou je ne sais trop quels bruits étranges…Turbo Fantôme, c’est un peu la même chose, monter dans un wagonnet et se laisser guider dans un dédale délirant empli de surprises, une sorte de boîte de Pandore d’où s’échappent des effluves psychédéliques, un goût pour la folie krautrock, des rythmes empruntant au post punk, un zeste de folie garage…Techniquement, Turbo Fantôme fonctionne par couches: la rythmique imperturbable, discrète mais dynamique, omniprésente, telle un mantra; un chanteur barré capable de chanter d’une voix posée, pour l’instant d’après se lâcher complètement ou revisiter un blues traditionnel version teutonne DIY (‘Ashtray’); un synthé friand d’expérimentations sonores; pas de guitare, c’est bien trop conventionnel, mais un véritable halo d’humour dadaïste pour napper le tout. Cet élément fonctionne comme un ciment permettant une véritable cohérence à un disque très varié dans les ambiances, de la pêche psychédélico-post punk du génial ‘Left hand’ (LE tube du disque) au krautrock-slam sous amphétamines de ‘Polizei’ en passant par les expérimentations pures de l’instrumental ‘Bongo king’, la valse de ‘Monika’, le blues kitchen de ‘Ashtray’. Une musique à l’image d’un film de David Lynch mais version speed où l’on s’attend à être étonné sur chaque chanson…Miroir des perfos du groupe qui aime à se costumer en fantômes (avec des draps), inviter des potes avec des drôles d’instruments (vielle)…D’ailleurs, toi aussi ami lecteur, tu peux rejoindre le délire en perçant des trous dans ta (superbe) pochette de LP qui te permettra ainsi de te changer en spectre; le collier de chaîne, c’est à toi de le dénicher, ne te reste plus qu’à apprendre à crier ‘boooouh’ correctement.