‘In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti’, lumière blafarde, odeur d’encens, quelques accords funèbres spatiaux, un rythme lent, et soudain juste la batterie, la basse, avec sur scène ces deux types, l’un vêtu de blanc comme échappé de chez Rael, le regard cerclé de khôl, l’autre avec coupe rasta derrière ses toms…C’est ‘Arnold’ et le groupe, un duo, a pour nom ‘Lord Kesseli and the drums’ et c’est grandiose; quelque chose entre Pink Floyd, Kraftwerk et Hawkwind au ralenti, avec une légère accroche pop progressive en plus (du genre Sigur Ros) qui nous entraîne dans un univers à part hors du temps, une légère ambiance mystique flottant dans l’air. Synthés vintage, guitare, alternances de passages ultra dépouillées et d’accords amples, sans oublier une batterie assez lente sur les trois premières pièces puis plus martelante avec jeu de cymbales marqué, voir carrément rapide sur ‘MDMA’. C’est un peu comme si le disque constituait une forme de lente montée au long des six pièces qui le constituent, chacune proposant une ambiance différente tout en s’insérant dans un tout, un cosmos cohérent, à la fois intime et infini, jamais lisse ni entièrement rêche. Cette impression est renforcée par le chant, assez doux, un peu mélancolique, faussement angélique dans son halo de réverbération (même lors des passages les plus grinçants). On écoute recueilli dans la pénombre le regard levé vers les étoiles en buvant de l’absinthe et en fumant un bon gros pétard et on se souvient de l’impression en les découvrant sur scène en première partie d’un autre groupe, une écoute distraite qui se mue en véritable fascination quasi religieuse. Une pépite de pop psychédélique progressive spirituelle, comme un arc de cercle entre passé et avenir, communauté et individu…Un trip pour hippie cosmique ? C'est plus que cela...