Silaluk, la grand ourse qui parcourt le ciel et chasse lorsqu’il neige. Quand la glace fond, la faim se fait sentir mais elle parcourt inlassablement l’azur car poursuivie par trois chasseurs durant la chaude saison. Alors que prend fin l’été, ils parviennent à la tuer et son sang colore les feuilles d’automne. Quand revient l’hiver, Silaluk ressuscite et le cycle reprend. Si j’adore cette chanson, ce n’est pas uniquement en raison de son titre. Ce groupe originaire de Richmond en Virginie propose une approche intéressante d’un revival post-punk plutôt en vogue de nos jours. Plus gris que noir, le morceau mêle une rythmique roulante, tribale, typique du post punk, avec des guitares froides et des claviers brumeux très cold wave. Le chant doux et triste de Aaron Tyree fait le reste. Ce n’est pas le seul atout; le début peut sonner assez classique et nous plonger dans une étrange torpeur mais après deux minutes, la musique entonne une montée, les doigts grattant de manière plus frénétiques, le chant se faisant plus émotionnel, avant une descente de plus en plus dépouillée pour finir sur les seuls roulements de batterie. ‘Portrait of a young man drowning’ se profile dans la même veine post punk cold martelante caractérisée par un spleen romantique. Avec le final ‘Innocence’, son piano pluvieux, sa voix flottant dans la brume, la tension entre noirceur existentielle et grisaille urbaine atteint son comble…Elle demeure cependant moins efficace mélodieusement que ‘Silaluk’. Trois chansons pour un ep très prometteur, synonyme de jours de pluie, de réflexions solitaires, à l’image de sa pochette énigmatique.