Foscor › Those Horrors Wither

Vais-je passer pour un régionaliste voire un nationaliste si je dis que le groupe chroniqué est catalan ? Y a pas de drapeau correspondant dans la base - sinon, c'est la porte ouverte à tous les blasons j'imagine mais je me sens obligé de passer par cette case territoriale car le groupe chante en catalan. Enfin, pas complètement, jonglant avec l'anglais presque un morceau sur deux. Connaissant cette langue par mes oreilles ayant trainé dans le sud du paradis, je sais que le catalan a une certaine sonorité grave, étirée, en gros une langue qui rentre nickel dans un genre, le "métal" avec un é, comme tant d'autres langues : l'espagnol, le portugais, le suédois, le norvégien pour moi en tête de tête dans ma tête, ces mixtures de salives liant très bien la puissance avec la légèreté, les élans du muscle buccal et la puissance du cri guttural. OK ? Instant linguistique PMU, c'est fait. Passons maintenant au moment biographique : Foscor est un groupe de black metal mais qui, à l'instar d'un Enslaved qui sera forcément présent dans la tête de l'auditeur (s'il connait le groupe), émergera la tête du deuxième millénaire en ajoutant de grandes mélodies grandiloquentes, deltaplanesques, cosmonautes, en gardant les pieds dans une puissance rock ou métallique, un peu comme si des groupes de puissance pop un poil metal genre A Perfect Circle n'étaient formés que de chevelus gardant les scarifications de leurs années passées à cracher du feu avec leurs potes dans un château abandonné. Le castell sonore ici monté saura plaire aux amateurs de mélodies et de grosse batterie, le groupe sachant comme dans les mouvements dits progressifs du rock amener patiemment par la main l'auditeur sans réellement de faute de goût comme c'est souvent le cas dans ce genre hybride, notamment, pour ma part, au niveau de la voix qui peut vraiment être déséquilibrée par rapport au propos général. Là, non, c'est beau, cohérent, un peu complexe mais pas vomitif, léger mais pas gazouilleux, puissant mais pas comme un gros mammouth qui voudrait faire du patin à glaces. Finalement, à part le look des mecs mais aussi les quelques hurlements et gimmicks typiquement metal à base d'explosion et de crescendos et roulements de thuuuunder, le son du groupe lorgne vers une musique assez accessible, s'échappant des canons du black metal pour rentrer dans un autre qui serait celui du "[citez un genre] progressif", comme les deux groupes cités plus haut, mais aussi comme le peu d'Opeth que je peux supporter. Presque 15 ans d'existence pour ce groupe donc, et leur première offrande sonore que j'ai pu écouter me poussant à conclure que celui-ci plaira bien plus aux amateurs de rêveries se décalant petit à petit dans le paysage mental, avec alternances violences / planances, cris / chant clair, "perfect match" pour les amateurs de metal à mouvements mais pas démonstratif, pas du tout branleur de manche, assez peinard, installé sur un astéroïde près de Phobos, balançant des ondes pleines d'oxygène - oui je sais, y a pas d'oxygène là-haut, là-bas, mais "it's for the sake of ze argumentation" oh ! Éthéré sans être kitsch, cuir sans être clous, mélodique sans être MTV ce disque vaut la peine d'être écouté si vous en avez marre d'une réalité banale ou d'une régurgitation trop intense de soupe radiophonique, de brutalité aveugle ou de sucrerie écœurante - le juste milieu entre tout cela étant bien atteint ici.