Sous-créatures ! Mondkopf le mondkopfien, Volguus Zildrohar Le Voyageur est arrivé. Choisissez l'apparence de votre Destructeur, et périssez !... Voyageur, oui... Mondkopf voyage, et se cherche encore son idéal de feng shui gutsien - et destructeur, oui : car ses tâtonnements sont encore des talonnades de 12000 newtons, il faut bien le dire. En bon mélomane tranquillement geek de l'ère internet, Paul Régimbeau a cette vision globale quasi-instantanée que ne pouvaient avoir ses ancêtres au début des années 90... Avec l'oeil distant, peu concerné, détaché de toute appartenance à une scène. Frais. Il découvre un peu en même temps que nous, se fournit peut-être même dans nos archives pour l'étoffement de ses rayons et influences, qui sait ? Avant y avait un monde invisible fait fanzines, concerts et vente à distance sur papelard pour se démerder seul. Maintenant, il y a les écrans. Et il y a Mondkopf. Et je ne sais si c'est beau ou si c'est inquiétant... Les deux, évidemment. Même si je peux rattacher ce Hadès au Demiurge de Emptyset (du reste je le fais) pour un titre comme "Cause & Cure" et cette capacité à donner cette sensation d'un affrontement épique entre nos baffles et nos tympans avec une entité pas jouasse genre kaiju incarnée dans un son électronique, Hadès est quand même nettement moins totalitaire-monochrome qu'un Demiurge, et bien plus cinématographique, voire même onirique, dans ses accalmies et autres lévitations. Comme Rising Doom, c'est une bande originale prête à l'emploi, avec un squelette techno survivant. Mais le Club est définitivement devenu Cathédrale. Même si les amateurs/connaisseurs de dark-ambient ou de power electronics seront évidemment moins impressionnables, et trouveront ça plus chou que totalement écrasant, ils admettront que c'est quand même un beau bébé chef d'oeuvre, le Hadès. Et ils admettront aussi que si collectionner les cassettes limitées aux caves (la pièce comme l'individu) et enregistrées avec tout plein de reflux vocaux acides et saturés (à la gaviscon.torture.technologies) c'est mignon et qu'il y a des coins à champignons bien gardés dans cette fosse commune, ça n'empêche pas Mondkopf d'être tout aussi gutsien dans son petit cartonné sobre et propre... parce que Mondkopf a le recul - l'intelligence ? - de celui qui ne cherche ni à traumatiser ni à soumettre, en bon expérimentateur détaché, et qu'il ne prend jamais le risque d'atténuer l'impact de Hadès en y posant hasardeusement sa voix. Moins electro dark que Rising Doom, peut-être, malgré "Immolate", plus dark ambient en effet, sans être aussi fin et dense que du Raison d'Être j'y trouve de cela aussi... avec encore ces attaques de beats bien fascistes ici et là, garantissant un son toujours taillé pour péter son tibia au dancefloor. Un bon gros péplum, comme un Rising Doom solennel, avec des moments rêveurs peut-être plus tenaces ("Hadès 2", sublime). Un cran supérieur, car on y sent un contrôle plus grand, une puissance accrue... Donc une sphère jaune de plus dans la note, en gardant une sphère vacante en gris, car Mondkopf j'en suis certain a encore une marge de progression avant d'atteindre son climax. Niveaux intentions sinon, c'est la même chose : album innocent, fait par un jeune homme innocent, seul dans sa chambre... et un son qui nous piétine innocemment, comme un demi-dieu à demi-concerné. Impavide, puissant. Inachevé, mais beau. Mondkopfien.