Razor › Custom Killing

Razor qui vire prog thrash ? Ce serait excessif dit ainsi, et puis nous sommes loin de techniciens protéiformes comme Voivod ou de vermines amphigouriques comme Mekong Delta... on reste chez les Raoul du thrash, les bons artisans pas compliqués. Et pourtant, je ne me base pas que sur le fait que deux morceaux culminent à plus de dix minutes : ils se sont un peu compliqué la vie sur ce Custom Killing, les Raoul. Déjà ce qu'on constate, c'est que ça a du mal à démarrer, tout ça... Pas moins de trois faux départs... c'est quoi c't'intro qui ressemble à rien, Raoul, veux-tu donc t'expliquer petit inverti ? Bon, j'exagère un peu, mais c'est quand même archi mal fagotté tout ça et ça se sent dès le départ qui avertit sur la teneur "indécise à tuer" du bousin, Razor thrashant avec des compas et des boussoles pour la première fois et nos neurones fraîchement rendus à l'état de plénitude mammifère par Malicious Intent ayant un peu de mal à s'y coller... ce qui empêche pas Custom Killing de contenir des moments réellements accrocheurs. Mais on ressent ce côté plus "prog" et "fioritures" et tutti quanti, c'est indéniable. Moins instinctif, Custom Killing est aussi plus branlatoire... plus "harmonieux-épique" qu'à l'accoutumée pour du Razor sans nul doute, avec paradoxalement ou pas un caractère plus militaire, dans le sens "stratège" du terme. Sauf que Razor a beau élaborer des stratagèmes, il est taillé pour n'être qu'un troufion et foncer tête baissée dans la fumée des mortiers... alors à jouer ainsi au biaiseux, Razor devient un peu... rasoir... avec tous ces morceaux à rallonge pour le plaisir de temporiser la mandale. Et en même temps, magie d'un charme artisan typique du petit groupe anecdotique qu'aucune médiatisation n'altère ni ne pousse à avoir la prétention de sortir un chef d'œuvre : Razor se fait plus bassueux que sur Evil Invaders et Malicious Intent, tout en se parant - accidentellement ou non - d'un son de guitares oxydé de rigueur, ce qui lui confère un cachet "vintage" assez délicieux - alors que le son de Malicious était plat et frustrant. Et puis Custom Killing a cette "haleine" de vétéran, rien qu'un titre comme "Forced Annihilation" avec ses "HOU!" loubards à souhait, suffit à en faire un peu plus qu'un simple album moyen-moisi. Le seul Razor retors, sans nul doute. Ajoutez à cela une touche d'humour pourri et légèrement raciste (en interlude) et un final de punk RMiste, et vous obtenez quelque chose de farouchement moche, difforme et assez médiocre à n'en point douter, mais qui fera office de relative curosité pour l'amateur de thrash à l'ancienne, une curiosité un peu pathétique et usée, comme ces petits soldats de fer à la peinture écaillée qu'on devine oubliés au fond des vides-greniers...