Ramsaygee › Ways

Avec Exotique, paru en 2010, RamsayGee nous offrait un bouquet de fraicheur musicale avec des rythmes tribaux propres aux cultures africaines. En Ways, le synthésiste de l’Afrique du Sud récidive en offrant un album toujours très clanique mais avec une approche plus mondiale. Sur des rythmes toujours aussi suaves et bouillonnants on peut entendre des sapidités aussi diversifiées comme Orientales, Mexicaines, Latines et Africaines. Un peu comme dans Exotique, Gareth Ramsay joue énormément sur la diversité pour offrir 11 titres dont les saveurs tribales souvent avoisinent une douce techno synth-pop bourrée d’échantillonnages forts bariolés. J’y flaire une curieuse et attirante odeur de Software, période Digital Dance et post Chip Meditation II, et même Jean Michel Jarre au niveau des structures rythmiques et séquentielles, avec de brèves incursions vers l’approche musicale des DJ et leurs vocalises nasillardes et synthétiques qui penchent un peu sur la facilité du Teen-pop. Mais rassurez-vous, RamsayGee a su garder intact son esprit de coureur des sons.
De lourds accords résonnants qui glissent sur des sonorités mixes ouvrent bruyamment Vortex Ethnicana. Il s’en passe des choses sur ce court titre de 3:33! Et c’est un peut comme ça que se déroule Ways; beaucoup de sons dans de court laps de temps. Le rythme fervent est moulé dans de lourdes séquences syncopées qui tressaillent parmi des riffs de synthé lourds et secs et des percussions métalliques à la Jarre. Un tempo qui se laisse attendrir par de brèves insertions de guitare latine et un très beau passage de percussions tribales de style Arabe. Disons que ça démarre sur des chapeaux de roue. Plus exotique et fortement teinté d’échantillonnages vocaux orientaux, Universal Nomad tourne sur un tempo circulaire avec une structure rythmique aux séquences ascendantes. On y trouve de belles orchestrations, d’étonnants échantillonnages vocaux des peuples nomades et de belles couches mellotronnées s’enroulent autour de ce rythme syncopé qui maintient la cadence, accompagné d’un tendre violon mélancolique. La multiplicité des sons sur des phases très commerciales trouve tout son sens sur Island Flowers qui débute avec des cris de chimpanzés. Des cris qui croisent une séquence lourde et des percussions qui pilonnent un beat soutenu, le tout nappé d’un subtil synthé mellotronné. Une voix feutrée, nasillarde et très synthétique (du genre Lady Gaga, Cher et Britney Spears) se pointe avec des cris de baleine et Island Flowers trébuche sur une abondance de sons sur un rythme très accrocheur. Le genre que l’on entend partout ses temps-ci sur des radios commerciales. C’est pas vilain, mais ça fait très teen-pop mélangé dans une faune d’échantillonnages sonores très fluides et tribales. Love Mirage est dans la même veine mais un peu plus doucereux, langoureux et exotique avec sa lourde séquence qui pulse parmi vocales synthétisées et violons tziganes. Homelands poursuit la quête du monde Africain avec une belle ballade électronique où séquences et percussions moulent un lent tempo hypnotique qu’un synthé flûté accompagne vers des rythmes plus fluides. Un beau titre qui mue de ballade en un beau synth-pop sur un tempo circulaire et finement hachuré. La flûte y est particulièrement superbe, surtout en duel avec la guitare acoustique. Je verrais très bien ce titre comme trame sonore d’un documentaire sur la savane Africaine. Toujours dans le même registre, Loona Faze coule doucement sur un rythme fluide aux fortes tendances Africaines.
Tennis est un très bon titre qui nous ramène à l’époque de Software avec une intro meublée de séquences volatiles qui voltigent dans un mouvement giratoire lorsque les percussions tombent avec des flûtes Arabes. Une belle intro où la guitare acoustique se greffe à cette musicalité qui dévie pour emprunter un rythme chaotique à la Kraftwerk avec l’utilisation d’un vocodeur. La voix nasillarde et robotique discourt sur une structure nerveuse nourrie de séquences sautillantes et de claquements qui s’entrechoquent comme des balles sur un court de tennis. Et la suave musicalité de l’intro réapparait pour sombrer à nouveau vers un tempo encore plus percutant et robotiquement technoïde. C’est un très bon titre sur Ways, tout comme Zeros and Ones et son lourd rythme érodé par une structure hachurée et la musicalité très diversifiée que l’on retrouve sur Ways. Vocuitar est une belle ballade au rythme langoureux et oscillant sur de suaves vocalises suggestive. Après une douce intro onirique où un synthé ourle au dessus de clochettes et qu’un agréable sax/synthé étale sa mélancolie, Ways la pièce titre, emprunte les douces sentes tribales Arabes avec de fines percussions qui tambourinent avec des pulsations alors que la cadence s’accentue pour verser dans une techno tribale digne des bonnes musiques du monde. The Path to You conclût avec un rythme lourd qui forme une ballade assez corsée, chantée dans un duel vocaux homme/femme sur un tempo à la Mike Oldfield. C’est un titre qui détonne de l’ensemble de Ways avec son approche pop.
J’ai bien aimé Ways, tout comme j’avais apprécié Exotique. Gareth Ramsay se forge un style qui le démarque dans cet univers très fluctuant qu’est devenu la MÉ. Ce n’est pas du Berlin School. Je dirais que c’est un savoureux mélange de Software, Kraftwerk, Jarre et Oldfield. Certes il y a des titres qui m’ont laissé de glace (Island Flowers et Love Mirage) mais c’est peu comparé aux 11 titres très diversifiés qui tissent la toile musicale de ce 2ième album de RamsayGee.