'Three blind mice' est à la base une comptine anglaise, l'une de ces fameuses 'nursery ryhmes', écrite par un certain Thomas Ravenscroft en 1609. Quatre cent ans plus tard exactement, un groupe de Milan a opté pour ce nom, quatre Italiens citant Elvis Presley aussi bien que la scène rock alternative de Berlin ('The Birthday Party, Crime and the City Solution, Element of crime...) ou le cinéma de David Lynch parmi leurs influences. Comme si les marécages du Bayou investissaient les rues de la cité transalpine, leur musique fait se rencontrer les démons du blues, du rock, avec des miettes de punk, entre ballades vénéneuses ('Three pottery girls') et attaques plus rythmées (l'excellent 'Three storey girl'), voire tendues ('Our Lady of the poisonous wine'). Rien d'artificiel dans la démarche, à part une petite pointe d'accent dans le timbre chaud et sensuel de Manuele Scalia, leur musique porte clairement en ses flancs les stigmates du blues rock américain avec cette touche urbaine développée par la scène berlinoise. Moins ouvertement écorchée que celle de leurs références, elle dégage une note mélancolique même dans les passages les plus musclés, notamment au travers de mélodies imparables (seul le tranquille 'Where to end' avec une touche cabaret maladroite rompt cette cohérence). Ce mini regorge en effet de perles qui raviront les fans de Grinderman, Crime and the City Solution, sans oublier Nick Cave...'Three pottery girls' et ses réverbs tristes ou le rythme rock'n'roll en diable de 'Three storey girl' valent à eux-seuls l'achat de cette galette. Comme quoi le chiffre trois semble porter chance à nos Italiens...