'Qui jettera la première pierre ? Qui me renverra chez moi ? Le pêché me bouffe les os; je marche avec le diable, ce monde est si mauvais...Oh Seigneur !' Du blues ténébreux, Those Poor Bastards vont vous en coller en bas du gosier aussi brûlant que du whisky frelaté...Le Seigneur, il faut l'implorer sans relâche car sur cette terre sauvage, c'est l'oeil de Satan qui se pose et surveille...Le bougre a dû bien se marrer quand ils ont pendu ce type sans procès pour le plaisir de le voir souffrir ('The world is evil'), qu'il a aperçu ce mec courbé par le poids de ses fautes ('Crooked man') où quand le père a enfermé le gamin après l'avoir enchaîné au plancher ('These are hard times'). Vaut-il alors encore la peine de pincer cette guitare pour tenter d'exorciser cette douleur, user ces cordes vocales entamées par le tabac et le mauvais alcool pour implorer, tenter de comprendre ou accepter la route vers la damnation ? L'essence même du gospel, le blues dépouillé: une voix éraillée, quelques accords qui serrent la gorge ('No one'), à tel point que la batterie, la basse et les ambiances punk blues gothiques de 'The bright side', 'Doggone' en sonneraient presque hors de propos (j'ai bien dit 'presque'). Those Poor Bastards, c'est un dialogue direct avec Dieu et Satan, l'ultime arme du desperado pour faire entendre sa voix et c'est incroyablement puissant. Ecoutez donc cette splendide reprise du 'I walk the line' de Johnny Cash (mon Dieu, tant de résignation désespérée), ce gospel de cinglé qu'est 'This world is evil', cette mise à nu bouleversante ('No one') ou encore cette country enfantée dans la fange des bordels miteux et des bars de planches ('I will bring you dead flowers')...Si Satan regarde, il peut aussi bien écouter car la prière, la vraie, c'est la musique...'Je ne suis pas la bête qu'il m'ont fait devenir', j'ai fait quelques bonnes choses. Comme toi, j'ai trébuché une ou deux fois, j'ai fais des mauvaises actions. Mon corps est corrompu, faux, il est coupable, mon esprit est ce que je traîne, lui est innocent, Seigneur, il est innocent...'