Eskaton › Ardeur

Aussi curieux que cela puisse paraître, dans les faits, historiquement, "Ardeur" est le véritable premier album d'Eskaton. Entendez le premier disque publié officiellement et distribué comme il se doit. "4 Visions" ne devait son salut qu'à la réédition courageuse d'un obscur label finlandais lui aussi désormais défunt. Il n'est donc pas étonnant de retrouver des titres comme "Attente" ou "Eskaton" sur cet album, bien que proposé dans des versions absolument méconnaissables et, il faut bien l'avouer, assez décevantes. Pour ce dernier, le thème est là, sa noirceur aussi, mais son incroyable énergie est diluée dans le choix discutable de calmer le jeu en assurant une rythmique carrée qui martèle plus qu'elle ne s'emballe. Entre les deux, le changement le plus significatif est le départ du guitariste Alain Blésing et du claviériste Gilles Rozenberg (tout de même présents sur "Le Chant de la Terre" et "If", les deux bonus de cette réédition Soleil Zeuhl). Le vide laissé est sensé être comblé par l'intégration du violoniste Patrick Lemercier mais celui-ci se fait à peine remarquer. Au-delà de ça, le débat fera rage pendant encore longtemps entre ceux qui voient en Eskaton de dignes représentants de la mouvance zeuhl et ceux qui, au contraire, les considèrent comme une vulgaire bande de plagieurs (à l'écoute de l'intro de "Un Certain Passage", mais aussi le travail des voix qui, tous deux, évoquent "Kohntarkosz", il est vrai que la question mérite d'être posée). Quoi qu'il en soit, on ne peut pas retirer à la formation de André Bernardi et Gérard Konig leur puissance et leur détermination. Toujours aussi compact et solide, mais sans doute encore moins original que ne l'était déjà "4 Visions", et pour cause, "Ardeur" déçoit donc avant tout par les options prises par le groupe.