Infestus › Chroniken des ablebens

Il y a du suédois dans ce duo d'allemands. Deuxième album pour le combo, "Chroniken des ablebens" évoque immédiatement par sa fureur et ses couleurs occultes l'école des premiers Dark Funeral et Setherial, récupérant le flambeau dont Ondskapt, en son temps, avait lui-même hérité. Comme ces derniers, Infestus ralentit volontiers pour mieux peser, installer ses ambiances nocturnes de profond désespoir, usant d'harmonies lourdes et charbonneuses et de la guitare claire comme ultime son de la mélancolie. Lumineuse et terrible, la guitare lead jaillit régulièrement du magma presque opaque de ce son vieux et lourd lors de mélodies tristes à la beauté notable; Infestus est de fait un groupe à l'inspiration réjouissante. Sur les 50 minutes de ce trip dans les abysses il y a certes quelques longueurs, mais la variété des rythmes, la richesse des structures de ces pièces qui vont de 7 à 9 minutes et la qualité de l'interprétation maintiennent intact le sentiment, l'ambiance et la malice de ce black metal particulièrement sombre, aidé par un Dagon au timbre noir et puissant, profond, et dont l'investissement ne fait aucun doute. Une atmosphère particulièrement sordide et parfaitement traitée, même si l'ombre de "Draco sit..." et sa folie inégalée pèse sur ce nouvel effort des allemands, une production épaisse et sale dont s'extrait une lead à la reverb' superbe, une variété d'effets qui ne disperse ni ne déforce en rien l'impact de cette musique, font de "Chroniken des ablebens" un bon album de black metal mélancolique et violent, mélodique et brutal, qui ravira les spéléologues de la névrose et du malaise. L'ambiance est lourde, noire, malade et triste; retour dans les grottes suintantes et pathogènes où nous emmenèrent jadis les suédois les plus sombres.