Messdiener › Würmer im Kruzifix / Klosterarbeiten

Tiens, pourquoi ne pas chroniquer un truc de barjot ? Un de ces machins qu'on désigne ici sous le nom de 'OVNI inclassable' ? Messdiener, voilà les candidats parfaits. Inutile de me demander des infos sur eux, je n'en ai pas; ce que je puis dire, c'est que leur musique évoque une version krautrock de Einstuerzende Neunbauten, à moins que ce ne soit Faust qui se soit inspiré de Foetus. Les morceaux alternent entre pièces courtes ('Gehacktes' et sa minute et demie) et longues (la seconde version de 'Christenrick' sur près de treize minutes) et leurs atmosphères varient beaucoup. Ainsi, la première pièce est-elle uniquement constituée de bribes de conversation, de bruits, de quelques coups, technique que l'on retrouve également sur 'Jedes Lebwesen lebt !'; au contraire, des pièces comme 'Der Schaumstoss' évoquent des orientations plus rock industriel entre les Swans et Foetus mais interprétées de manière personnelles (l'usage de l'électronique notamment) avec des touches plus folles que lourdes ('Massensterben oder dei Unsicherheit beim Einkaufen' avec ses sonorités obsédantes). Moins sombre, plus badin (ou totalement barré), nous trouvons 'Rote Kanne', plus electro minimal dans sa rythmique, oscillant entre chant rageur et vocaux absurdes parodiant ce qui ressemble à deux personnes prenant le thé (mon usage moyen de la langue de Goethe m'empêche de saisir toute la portée du propos). Tout au long de l'album, le groupe va osciller entre ces deux pôles, l'un sombre et barré, axé sur des ambiances pesantes ('Christentrick' rappelle presque Dälek niveau musique), l'autre plus expérimental, mêlant sons bizarres, effets, passages ambient ('Alter stich'), climats schizophrènes. J'aime la manière dont est produite l'album, sans être trop crue, elle garde quelque chose de spontané, notamment le jeu de batterie qui sonne très naturel; les collages sonores (perceuse, démarrage de moteur, cris, nappes déformées, crissements, rires...) sont judicieusement manipulés et rappelleront quelques grands moments de Can ou Faust. Bref, de la belle musique évoquant davantage un asile d'aliéné qu'un cloître, à l'image du box limité fabriqué maison (la peinture a coulé sur le couvercle et nous trouvons dedans une croix faite avec deux bouts de bois, un diapo et une pilule que je me garderai bien de goûter)...C'est le Vatican qui va tirer la gueule. 3,5/6