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Ennio Morricone › The Untouchables

  • 1987 • A&M 393 909-2 • 1 CD

cd • 13 titres • 39:20 min

  • 1The untouchables (End title)3:10
  • 2Al Capone2:55
  • 3Waiting at the border3:46
  • 4Death theme2:41
  • 5On the rooftops2:33
  • 6Victorious2:09
  • 7The man with the matches2:46
  • 8The strength of the righteous (Main title)2:26
  • 9Ness and his family2:45
  • 10False alarm1:12
  • 11The untouchables3:04
  • 12Four friends2:51
  • 13Machine gun lullaby7:02

informations

1987

line up

Produit, dirigé et composé par Ennio Morricone.

chronique

Ennio Morricone... La place de ce compositeur est véritablement unique dans l'histoire de la musique de films. Ce n'est pas un "classique" à la Nino Rota qui épancherait en envolées lyriques sa fibre italienne ; ce n'est pas non plus un grand "symphoniste" à l'américaine, qui serait très influencé par le post-romantisme, ou par des musiques plus modernes comme Bernard Herrmann. Il serait plutôt comme Dany Elfman ou Michel Colombier, un touche-à-tout singulier qui imprime sa marque de fabrique sur chaque image. Il aura composé dans tous les genres, travaillé avec tous les réalisateurs, et il sera pourtant toujours resté lui-même. À vrai dire, il a même acquis un statut peu courant, celui de demi-dieu, vénéré par de multiples franges de musiciens : un nombre incalculable de groupes de "pop" lui rend constamment hommage, mais cela va jusqu'au trip-hop récent qui réutilise ses procédés (écoutez par exemple le début de "Lovely head" de Goldfrapp, c'est... frappant) ; cela va même au-delà : John Zorn, par exemple, lui voue un culte pour la perfection formelle de ses compositions ; des gourous du easy-listening post moderne comme Bertrand Burgalat, patron du label Tricatel, sont bien obligés de lui rendre également son dû. Si vous ajoutez à cela que sa musique a dû faire frissonner des centaines de millions de personnes qui ne connaissent même pas son nom, simplement par écran de cinéma interposé, ça laisse rêveur. Car tous, ils ont voulu, veulent ou voudront Ennio Morricone : Sergio Leone bien sûr, Bertolucci, Pasolini, mais aussi Henri Verneuil (et merci à lui : Le clan des Siciliens et Peur sur la ville sont des tueries du maestro), Don Siegel, John Boorman, Samuel Fuller, John Carpenter... et la liste est sans fin. Avant de parler de Brian De Palma, qui nous intéresse ici, une question quand même : c'est quoi, la "marque de fabrique" Morricone ? Sa signature ? D'accord, il y a la guimbarde, le sifflement, l'harmonica, et puis une certaine sonorité idéalisée "sixties", avec ces arrangements quasi-parfaits à base de mélange électrique/acoustique, basse ronde, cordes voluptueuses qui s'insèrent là-dedans de façon fluide et naturelle, guitares claires et tranchantes. Oui, il y a tout ça, mais il y a autre chose : une grâce mélodique, une construction avec intro et phase conclusive, un sens du frémissement et du drame, et puis un rythme, un beat omniprésent, redoutable d'efficacité, qui explique en grande partie pourquoi le maître italien a bien davantage essaimé chez les "rockeux" que chez les vrais "classiques" (qui le méprisent, les vilains jaloux). Ne nous leurrons pas non plus, il y a dans tout ce qu'il a fait beaucoup, beaucoup de déchets (ou en tout cas des trucs "banals", ce qui pour lui mérite d'être appelé ainsi) ; mais il y a le reste : outre les chefs-d'oeuvre du génial Sergio Leone (auquel il restera avant tout associé pour la postérité) avec les deux trilogies des Clint Eastwood et des "Il était une fois...", et les deux films français sus-nommés, j'ai un petit faible pour "Le casse" (Verneuil toujours), "La bataille d'Alger" ou "Le marginal". Il va de soi que dans ce dernier cas, on parle de la musique uniquement, pas du film. Le mieux reste encore lorsqu'on peut apprécier les deux. "Les incorruptibles" (The untouchables) de Brian de Palma, comme "Scarface", occupe une place à part dans sa filmographie : un de ses plus gros succès publics, et un des plus mal-aimés par la critique. En ce qui me concerne, j'ai dû voir quasiment tous ses films, à commencer par les supposés chefs-d'oeuvre que sont "Pulsions", "Obsession" ou "Body double", ben je préfère de loin celui-là, parce qu"il est précisément plus classique, aussi efficace (ha, la plongée d'ouverture sur Capone, celle sur Frank Nitti mort, la caméra subjective chez Malone, le clin d'oeil à Eisenstein pour la scène du landau...), et qu'il ne singe pas Alfred Hitchcock à chaque plan, ce qui a le don de m'énerver dans les films sus-cités. La musique de Morricone pour ce film est une anthologie à elle toute seule : le thème d'ouverture lors du générique de début ("The strength of the righteous" - dommage que ce CD ne respecte pas l'ordre du film) possède une pulsation implacable et une montée en tension digne des "L"homme à l'harmonica" ou "Peur sur la ville", avec sa caisse claire, ses vents menaçants et ses cordes furieuses qui viennent s'ajouter. Le thème associé à Al Capone, bonhomme, ironique, mordant, tous cuivres dehors, singularisant un personnage par une atmosphére particulière, est lui aussi une entière réussite. Et que dire du "Death theme", dont le lyrisme poignant vous enserrera le coeur plus que n'importe quelle autre composition du maestro ? Enfin, il y a le thème au chant non plus triste mais glorieux (The untouchables, générique de fin) qui vous fait ressortir de la salle avec une patate monstrueuse et l'envie de devenir pote avec Kevin Costner, c'est dire s'il est efficace. Pour le reste, le suspense de la scène de la frontière et de la scène du landau (Machine gun lullaby) est très bien rendu, même si les thèmes musicaux se passent ici moins bien de la présence des images. Toujours est-il que si vous voulez éviter une compilation de Morricone (il y en a beaucoup, mais aucune de vraiment satisfaisante à mon goût), ou bien si vous avez de l'attachement pour le film, vous pouvez jeter votre dévolu sur ce disque, à l'image de la production globale de l'Italien, une musique (presque) intouchable...

note       Publiée le lundi 23 novembre 2009

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    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    Cette BO est magnifique (comme pas mal d'autres du maestro d'ailleurs). Je ne serais trop vous conseiller d'aller voir le film "Ennio" de Giuseppe Tornatore, ça dure 2h30 mais c'est vraiment passionnant et rien que le fait d'entendre de nombreux extraits de ses BO comme celle de Mission, ça vous colle le frisson !

    Note donnée au disque :       
    NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

    J'ai revu le film hier soir... çà faisais si longtemps. Du coup je me suis pas mal focaliser sur les plans ou la musique de maestro est présente. Rien à dire, tout colle à merveille. Le theme D'Al Capone m'a vraiment beaucoup marqué.

    Note donnée au disque :       
    cantusbestiae Envoyez un message privé àcantusbestiae

    Excellente BO (le thème de Capone est à la fois grotesque et flippant tout comme le personnage) pour un excellent film.

    Note donnée au disque :       
    Grandgousier Envoyez un message privé àGrandgousier

    Bah, c'est quand même pas n'importe qui qui l'a réalisé non plus. Rien que pour la scène de l'escalier hommage au Cuirassé Potemkine, je pourrais me le mater des dizaines de fois. Concernant la B.O., j'en ai plutôt de bons souvenirs même si c'est pas la plus marquante de Morricone.

    Jacques Capelovici Envoyez un message privé àJacques Capelovici

    Je voue une espèce de vénération bigote à la vieille série en noir et blanc (dont j’attends désespérément une sortie DVD – j’peux m’brosser…). Je n’ai pas voulu voir ce film de peur d’être déçu mais cette chronique m’a donné envie de braver mes aprioris.