Loin d’être une simple "curiosité", ce groupe est tout simplement l’un des plus créatifs et les plus étonnants enfantés par le punk anglais. Fondés en pleine effervescence punk 77 par la portugaise Ana Da Silva et Gina Birch, Les Raincoats ont mis plus d’un an avant de se stabiliser… Un an de découvertes (inspirées par le punk, elles ont appris à jouer "sur le tas" comme on dit !), de concerts hasardeux, de multiples changements de line-up, avant d’en arriver à un groupe 100% féminin, jusqu’au manager, Shirley O’Loughlin ! C’est Richard Dudanski leur batteur des débuts, qui leur suggère l’idée d’embaucher Palmolive, des Slits, à sa place. Lui qui a fait son chemin derrière les futs dans une tonne de groupes, notamment Basement 5, quitte alors le groupe pour rejoindre PiL. La violoniste/chanteuse/guitariste Vicky Aspinall est recrutée sur petite annonce et voilà le line-up "classique" du groupe sur son 31 pour enregistrer ce premier single ! Produit par Geoff Travis, le boss de Rough Trade, ainsi que Mayo Thompson, alias Mr Red Krayola (rien que ça), ce 45 tours a donc vu pas mal de bonnes fées se pencher sur son cas. Et ce n’était que le début… Mais avant de reprendre la suite de cette histoire, causons de ce qu’il nous est donné d’entendre ici. Une sorte de pop-punk géniale et délurée, bien plus innocente et candide que les Slits. Les principes DIY du punk sont pourtant ici appliqués à la lettre : 3 chansons, 3 compositrices différentes, pas de songwriter principal. Fairytale est frontal et joyeux, In Love tordu et dissonant, volontairement maladroit (le violon qui grince sent bon le John Cale cuvée 66) et Adventures close to home typique des beats africains de Palmolive, pour un résultat proche des Slits. Les paroles sont mignonnes, et le tout est très naïf, encore bancal, plein de larsens et de fausses notes comme s’il en pleuvait, d’ailleurs c’est pour ça qu’elles s’appellent les Raincoats, t’as vu ? Peu après la sortie de ce single, le groupe partira en tournée tout le mois de mai 79 accompagné de Kleenex, autre groupe punk féminin, mais de Suisse cette fois ! Deux des groupes préférés de Kurt Cobain sur la même affiche, tiens. L’avait bon goût celui-là.