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The Raincoats › The Raincoats

cd • 10 titres • 34 :46 min

  • 1No Side To Fall In
  • 2Adventures Close To Home #1
  • 3Off Duty Trip
  • 4Black And White
  • 5Lola [reprise des Kinks]
  • Face B
  • 6The Void
  • 7Life On The Line
  • 8You're A Million
  • 9In Love
  • 10No Looking

informations

Enregistré au Berry Street Studio par Adam Kidron - Mixé par le groupe - Produit par Mayo Thompson, Geoff Travis et le groupe

Peinture de pochette par Pang Hsiao-Li

line up

Vicky Aspinall (chant, guitare, basse, violon), Gina Birch (chant et basse), Ana da Silva (chant, claviers, guitare), Palmolive (batterie)

Musiciens additionnels : Lora Logic (saxophone sur black & white)

chronique

  • lo-fi fabuleux

Ahem, c’est paradoxal, n’est-ce pas, quand on espionne, disons, un bataillon de filles en plein pugilat-polochon - ce qui est en soi une activité fort peu honorable et somme toute très immature – de se retrouver soi-même le plus gêné, et de très loin. C’est exactement la sensation que peut procurer, après un certain temps, ce disque, parfaitement décrit par Kurt Cobain dans les notes de pochettes de la réédition cd. Le luron blond n’avait pas seulement les idées bien aérées – surtout vers la fin de sa vie – il aurait fait un chroniqueur de première classe. Car de ce premier Raincoats, il n’y a rien à jeter. Disque sœur du Cut des Slits, il n’a en fait que peu de points communs avec celui-ci, étant aussi Do It Yourself que l’album des Slits est calibré pour cogner juste. Du reste, les Raincoats ne cherchent ni à cogner, ni à séduire. Elles cherchent à s’exprimer, aussi crûment que leurs homologues masculins qui lâchent la purée au sein des Clash ou les Sex Pistols. Mais en bonnes gonzesses, pas de pistolets sexuels à manier ici, juste une poésie et une sensibilité incroyables. "Don’t take it personal, I choose my own fate" répètent-elles sur Adventures close to home, cette chanson qu’elles partagent avec les Slits, et que Palmolive, leur batteuse, à emporté au moment de changer de groupe. Du coup, elle compose des chansons au même titre que les 3 autres, le but avoué étant que chacune puisse y trouver un véhicule pour s’épanouir. Par quel miracle ce disque ne sonne pas comme 11 chansons mal enregistrées et jouées fausses – ce qu’il est – personne ne peut le dire. Les filles gardent toujours une part de mystère, rien à faire. Leur reprise du Lola des Kinks n’est pas seulement craquante, c’est une des meilleures reprises qui soient, une des plus belles façons de subvertir une chanson et de s’en approprier le sens. Et il y a finalement une logique : Les Kinks ont toujours été ce groupe respecté voire révéré, mais peu connu, en marge des grands de la pop des années 60. Les Raincoats seront le même genre de secret longtemps bien gardé du mouvement punk : trop sincères et mélodiques pour séduire les rebelles en manque de slogan. Il y a ce violon, transfuge merveilleux de l’alto entendu sur les 2 premiers Velvet, et il y a cette mélancolie de banlieue, cette tristesse contagieuse et d’une sincérité, encore une fois, si poignante : The Void. Ça fait tout drôle, comme chanson. Tout comme le matinal No Side To Fall In, où elles semblent s’étirer devant la fenêtre, chantant à tue-tête en pyjama dans la cuisine, les cuillères en guise de percus. Mon moment préféré reste le refrain du doux-amer Off Duty Trip, un "Join the professionnals" fièrement lancé à la cantonade, spontanément, précisément de la façon la moins professionnelle qui soit. Finalement, les hommages, (au-delà de cette reprise inoubliable, donc), ils sont plutôt à aller chercher à la fin du disque, avec ce No Looking basé sur un poème de Prévert ( !!) et surtout ce In Love au violon qui grince exactement comme sur The Black Angel’s Death Song du Velvet au point que c’en est flagrant… Sauf que les paroles font plus Moe Tucker que Nico, avec leur fragilité exposée, à peine protégée par le son encore plus garage de ce titre. Le titre est en fait construit comme Heroin, mais en remplaçant le rituel du toxico par la fébrilité insoutenable de la jouvencelle amoureuse… Plus punk que ça, je connais pas. C’est en cela que les Raincoats sont bien uniques parmi les groupes féminins qui ont commencé à émerger à cette époque : Non seulement leur message est exempt de tout résidus revanchard envers le sexe opposé, mais elles se paient le luxe de se montrer vulnérables, telles qu’elles sont, d'emblée. Gauches, naïves, mal assurées. Soit on leur reste indifférent, soit on ne leur résiste pas. Et puis, ne le répétez pas, mais la malice du vieux Ray Davies n’a en vrai jamais sonné aussi politiquement queer qu’ici : "Girls will be boys and boys will be girls"…

note       Publiée le mardi 21 mai 2013

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Note moyenne        6 votes

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Les passages Nico-rette ("off duty trip") me causent, et la bataille de polochons encore davantage, mais j'ai plus l'impression d'un macramé, p'tain j'y arrive toujours pas, comme avec les Jeunes Géants (ça sonne mieux que Young Giants mais pas Gentle Giant) en reco.

WZX Envoyez un message privé àWZX

Difficilement comparables, il m'semble. Je suis assez en phase avec Dariev sur l'espèce de fragilité, de spontanéité imparable de celui-ci. Mais je connais pas assez Odyshape pour donner mon avis dessus.

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

Je prefère légèrement Odyshape, mais c'est déjà une pièce. A noter qu'elle ont refait des concerts, mais ça sentait quand même bien que ce n'était pas assez retravaillé. Dommage, c'était tellement émouvant, juste après le vote du Brexit en plus.

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WZX Envoyez un message privé àWZX

Ouais, eh ben des disques comme ça, on en croise pas tous les jours ! Superbe de bout en bout !

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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corrigé ! (bizarre comme coquille)