Genghis Tron, c’est facilement le nom de groupe le plus génial trouvé depuis quelques années... Et qui en plus sied comme un gant à ces Attilas barbus New Yorkais qu’on avait cru évadés de nulle part en 2006 avec leur premier album "Dead Mountain Mouth", sorti en toute logique sur Crucial Blast. Ils avaient tapé dans l’œil de votre serviteur, qui, plus qu’un énième groupe vaguement à la mode se croyant malin à recycler les synthés Carpenteriens à contre-emploi, y voyait un nouveau gang de pionniers généré par la grosse pomme, un peu dans la lignée de ces groupes irrespectueux des dogmes que sont Battles, Death from Above 1979, et Hella. Ceux qui ont remisé l’obscurité au placard, pour mieux envahir, toute moustache et T-shirt moulant dehors, les dancefloors sombres et expérimentaux à travers le monde. Bon, on précisera quand même : pour passer Genghis Tron, faut pas être frileux. C’est pas qu’ils dégagent une quelconque froideur, au contraire, les synthés apportant ici une sorte de fraîcheur chaleureuse (un peu comme quand on se passe de la pommade à la menthe, là, vous voyez ?), mais c’est simplement que le trio n’a jamais renié ses influences grindcore. Oui, Grindcore. S’il est à dénicher sous des nuées de synthés très mis en avant que viennent cribler des guitares hardcore plombées et stridentes, sur lesquelles vient se poser une voix commune as fuck, pour le genre ; il n’en reste pas moins présent, en filigrane. D’où des dates communes du groupe avec Pig Destroyer, par exemple. Il faut dire que pour une formation aussi atypique (synthé/synthé/guitare, voui), un tel succès est assez inattendu et réjouissant : forts des ventes surprenantes du premier opus, les voilà signés chez Relapse, après un an de pourparlers, gardant Kurt Ballou à la prod pour le disque ci-présent. Le résultat : original, impressionnant, mais pas SI convaincant que ça. Après un morceau éponyme qui jette l’ambiance avec maestria, on passe par une série de titres très déstructurés et étourdissant de richesse rythmique, avant d’aboutir sur The Feast, la réussite de l’album, en fin de course, longue épopée psychédélique et nocive s’évaporant dans un vortex séculaire.. Ainsi, tout du long, entre deux parpaings de béton armé projetés à 200 à l’a heure, on se mange quelques plans new wave fm bien décalés dans la face… comme sur ce Endless Teeth qui ne fait pas de quartier. Recursion quant à lui, commence comme un rêve IDM même pas cheesy pour un sou (ce qui est rare quand les groupes de maïtôl se mettent à l’electronica), passant par quelques stades très Boards Of Canada Up Da House pas piqués des hannetons, avant de retomber dans la poutrerie tristement habituelle. Et c’est finalement là que le bas blesse : tout ça pour écouter toujours le même style de chant hurlé, de guitares lourdes-mais-virulentes, et ce malgré ces synthés pourtant superbement intégrés à l’ensemble, qui font de Board Up the House une possible porte d’entrée au hardcore ou au grind pour beaucoup de gens. Peut mieux faire.