Irm › Indications of Nigredo

La dernière chose dont IRM avait besoin, c’est bien d’une couche de basses supplémentaire. Et pourtant voilà que s’ajoute au duo un certain Mikael Oretoft, ancien bassiste de Katatonia, pour déséquilibrer le tandem Jarl/Bladh dont la dualité formait le noyau du projet. Ainsi donc, les deux pistes venues témoigner de la nécessité de cette nouvelle recrue et sobrement intitulées ‘Indications of nigredo’ (‘symptômes de putréfaction’ si je ne m’abuse) vont mettre à mal les capacités de vos subwoofers en proposant d’une part une montée en puissance monumentale et épuisante sur les récitations dévoyées des symptômes par Martin Bladh, dont la voix est presque étouffée sous l’avalanche de vrombissements (c’est là que l’on saisit la nécessité du vinyle), et d’autre part un relâchement lancinant - véritable plongée en apnée dans un cauchemar dissonant – qui se termine sur la répétition de la question qui nous taraude tous : "WHICH INDICATORS ARE YOU LOOKING FOR ?". Les textures ont rarement été aussi palpables et abrasives, même chez le couple Arafna ; et la discrète mais sensible évolution du tout évite au projet de se replier sur soi. En témoigne l’aspect esthétisant de l’artwork qui a ici totalement disparu, ne laissant plus que la maladie et le son prendre le contrôle de l’auditeur averti...’Indications of Nigredo’, ou vingt-trois minutes dans les entrailles d’une formation de chirurgiens bruitistes qui commencent à inquiéter sérieusement.