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Krzysztof Penderecki (b. 1933) › Te Deum

  • 2007 • Naxos 8.557980 • 1 CD

6 titres - 67 min

  • 1/ Te Deum laudamus (13:02)
  • 2/ Te Martyrum candidatus laudat exercitus (7:53)
  • 3/ (Boze cos Polske
  • ) Salvum fac populum tuum, Domine (15:51)
  • 4/ Hymne an den Heiligen Daniel (12:14)
  • 5/ Polymorphia (10:48)
  • 6/ Polish Requiem: Chaconne (7:18)

informations

line up

Klosinska, Izabela (soprano), Rehlis, Agnieszka (mezzo-soprano), Zdunikowski, Adam (tenor), Nowacki, Piotr (bass), Warsaw Philharmonic Choir Warsaw National Philharmonic Orchestra, Wit, Antoni (Conductor)

chronique

Accrochez-vous à la petite fractale qui orne le disque, car c’est bien le dernier rayon lumineux que vous rencontrerez. L’œuvre de Penderecki, outre son étonnant jeu de renvoi entre avant-garde et romantisme furieux (ce dernier qu’il utilise surtout pour véhiculer sa foi), est connue pour être particulièrement ténébreuse ; et ce n’est pas ce ‘Te Deum’, pourtant écrit à la nomination du pape polonais Jean-Paul II, qui fera exception. Il démarre de façon abyssale ; avec un ensemble qui tournoie à ras-le-sol et des chœurs qui au lieu d’élever l’âme ne tendent qu’à l’aspirer dans un gouffre. S’ensuit un jeu d’écho entre le soliste, abandonné, et ces voix sépulcrales qui lui répondent à l’unisson jusqu’à ne faire plus qu’un avec le ténor. L’heure est au terrible, à l’innommable ; les clusters répondent aux suppliques et l’écrasante noirceur étouffe les appels à l’élévation. Par moment, le silence est offert comme dernier support à une complainte, mais à quoi bon ? Comment un mouvement aussi écrasant et pathétique que la seconde partie peut-il augurer la moindre rédemption catholique ? Qui est cette mezzo-soprano qui apaise les âmes tourmentées ? resteront-elles tranquilles sur le coda, ou les percussions écrasantes auront-elles raison de ces solistes dont le rôle se limite à fermer les fenêtres d’un lieu pris dans une tempête ? Penderecki a le sens de la mélodie évidente et de la transcription romantique que ses détracteurs trouveront rétrogrades ou réactionnaires, alors qu’il ne font qu’élargir un vocabulaire orchestral qui ne se soumet alors plus qu’à sa propre limite. Son bagage, de l’utilisation des voix à la parfaite maîtrise des timbres de cordes, lui sert avant tout à raconter des histoires, à évoquer – invoquer – une couleur, une ambiance et un déroulement, comme en attestent les trois pièces supplémentaires. Ainsi l’hymne à Saint Daniel se complait-il dans un début très retenu, austère comme le sont les chants du moyen-âge avec la présence d’un basse monotone ; avant de s’envoler de façon cathartique et épique vers des sphères de plus en plus hautes ; de façon plus que démonstrative. Même un athée ne peut se sentir soulevé sur le gigantesque final ; c’est dire la pertinence de la composition. S’ensuit le cauchemardesque ‘Polymorphia’ écrit en 1961 dans la lignée des Thrènes pour les victimes d’Hiroshima, où une armée de violons s’entrecroisent comme une immense chevelure dont les fils s’emmêlent, tournoient, se doublent, fusionnent dans une marée bruitiste grinçante où il ne fait pas bon se perdre. Glissandi, pizzicati agressent en nombre ; l’auditeur ploie littéralement sous la nuée qui s’abat sur sa pauvre tête. La dernière pièce ajoutée est la moins intéressante ; elle est même de trop après Polymorphia tant elle est simpliste – on dirait un générique de film d’horreur, avec son thème récurrent. C’est un hommage à la mort du pape Jean-Paul II (oui, le disque couvre son pontificat) rajouté finalement au Requiem. Un excellent disque pour compléter les œuvres les plus sombres de Penderecki, et vu la qualité de l’orchestration d’Antoni Wit et le prix des disques Naxos ; serait bien de mauvaise foi l’amateur qui voudrait s’en passer.

note       Publiée le jeudi 10 janvier 2008

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    troubadourpaladin Envoyez un message privé àtroubadourpaladin

    J'ai ce disque , le malheur fait en sorte que je ne puis pour le moment l'aprivoiser car,ce disque est d'une morosité d'un glauque qui tue, j'aime beaucoup Penderecki pour sa symphonie no.3 et la 7 Seven gate of Jérusalem, oui la symphony no.7 est giga top même si les amateur de Penderecki ainsi que les néophytes la méprise...

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Pour répondre à ellington concernant les interprétations de Penderecki, je dirai que si le budget suit il faut commencer par celles dirigées par le compositeur lui-même et ce "Te deum" ne failli pas à la règle, il a été réédité dans un double CD chez EMI Classics, accolé aux excellents "Magnificat", "Lacrimosa", "Canon" et à la très brucknérienne deuxième symphonie.
    A écouter aussi les deux numéros de la collection Matrix chez EMI pour les pièces des années 50/60/70 ou les éditions Wergo pour les œuvres plus récentes comme ses concertos, ses symphonies ou son terrible "Requiem polonais".
    Ce qui n’enlève rien à la qualité réelle de ces éditions Naxos et vu le prix, pour ceux qui ont un budget limité, elles me paraissent d'une évidence frappante. L'idéal serait d'avoir les deux... comme moi.

    MaxwellsDemon Envoyez un message privé àMaxwellsDemon

    celui-ci est terrifiant !!!!!
    c'est marrant, sur chacun de ses cd Naxos on nous case un petit cauchemar des années soixante histoire de foutre en l'air l'atmosphère générale de la performance.
    cela dit "polymorphia" reste une tuerie tout comme la cello sonata, ou le rêve de Jacob...

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    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
    avatar

    J'allais justement y venir... ces jours prochains...

    ellington Envoyez un message privé àellington

    les huit symphonies et le polish requiem sont aussi plus que recommandables , et tout est chez Naxos a petit prix .Il faut aller chez Naxos en priorité , pas par radinerie mais parceque l'orchestre et son chef , Antoni Wit , sont sans doute les meilleurs au monde actuellement dans le repertoire du XX°siècle , les plus brutaux et les plus subtils .

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