Encomiast / Sagramon › Split CD

Non, Encomiast et Sagramon ne sont pas des antibiotiques, et non, Swamp of Pus (quelle poésie…) n’est pas un side project de Genital Grinder mais le nom d'un label DIY spécialisé dans la distribution et l'échange de cassettes et de CD-R. Ici, on lorgne plus du côté d’une ambient dronesque et méditative avec cinq pièces à la fois minimales et cinématographiques. Encomiast est un one-mand band (& invités) américain habitué des paysages sonores qu’il réalise depuis 1999 à l’aide de field recordings, de synthétiseurs analogiques et autres sources typiques de ce genre de travail. « Ritual in Trasfugured Time » ouvre le bal avec quelques notes vacillantes sur une mesure de basse répétée. « Earth » et « Kusanagi » sont plus proches l’une de l’autre, rappelant un Eno ou Biosphere des plus épurés (et pas forcement déplaisant), mais finalement sans grande originalité. On les enchaîne un peu, sans grande conviction, en se demandant ce que Sagramon nous réserve. Il ne reste rien du peu de mélodies auxquelles on avait droit. En revanche, l’atmosphère s’est considérablement alourdie. On arrive dans un quelque chose qui double ou triple la gravité environnante dès « Collateral Collapse ». Une version électronique de Earth période « 2 » ? A peu près. Mais ce serait négliger le bien-nommé « Methadrone Tunnel » qui est sans doute LE morceau de bravoure et un excellent exemple de ce que peut engendrer les drones sur le corps. Oubliez le casque, faites péter les BOSE et branchez le subwoofer. L’objet est à peu près aussi statique que « Like Gold and Faceted » du groupe sus-cité. Les très basses fréquences envahissent en un instant la salle, l’air et la gorge tandis que le peu qui reste encore audible s’apparente à un gaz diffusé dans un tuyau. Une chambre à gaz : c’est bien ce que devient votre salon tout au long du morceau. La respiration devient difficile, le corps devient léthargique et les animaux fuient. L’objet ne fera pas trembler votre vaisselle pour autant : il ne s’adresse bel et bien qu’au corps. On traverse ce long tunnel dans un coma douloureux ou transcendant (c’est selon) et c’est avec soulagement que la gorge finit par se desserrer d’elle-même lorsque le morceau brusquement s’arrête. Autant vous dire que la moitié de la note lui est destinée… Claustrophobes s’abstenir.