Infernum › Farewell

On croyait le groupe polonais mort....oui, il l'est bien. Mais Darken de Graveland et Capricornus (ex-Graveland, Thor's Hammer et Capricornus) ont décidé de prononcer son épitaphe en enregistrant en 2004, un album testament intitulé "Farewell" (qui signifie Adieu). Grand bien leur en a pris puisque ce "Farewell" est aussi bon, voire supérieur au premier disque d'Infernum intitulé "Taur Nu Fuin", paru onze ans auparavant avec Anextiomarus au chant et à la guitare, qui n'est autre que Karcharoth, qui a joué sur quelques Graveland également. Cependant, cet album n'est pas entièrement réalisé en sa compagnie puisque Karcharoth s'est suicidé en 2004, mais les guitares enregistrées en 1996 sont bien de lui (même si les deux compères ont partiellement réenregistrées quelques parties). Il était plus qu'en froid avec Darken notamment, ce dernier le soupçonnant de l'avoir balancé aux services de police lorsque la scène black metal polonaise avait été inquiété au sujet de sympathies politiques extrêmistes. Passées ces considérations, ce Farewell s'annonce comme un très bon testament. Le tout fleure le bon vieux black metal polonais à la Veles, le old-Graveland, avec ses synthés un peu cheap mais plein de charme, son jeu de batterie roots, et ses voix écorchées (bien que ce soit Capricornus qui tienne le micro et non Darken). Infernum nous propose un black metal cru, dépouillé et basique qui sent bon le old-school que peu de groupes pratiquent encore. Cinq titres plutôt longs avec pour commencer en tant qu'introduction, un bon "Reverence to the obscure", suivi de "Black march", un morceau long de neuf minutes qui débute rageusement pied au plancher après quelques nappes de claviers, mais qui finalement s'avère être le moins bon du disque puisque bien linéaire. Suit un bon "Before the locks of twilight" (plus de dix minutes au compteur), un morceau qui navigue entre atmosphères funestes et une deuxième partie plus violente, avec des passages qui semblent tout droit tirés du "Thousand swords " de Graveland. Mais voici qu'arrivent les deux meilleurs morceaux de l'album, placés à la fin, qui sont du pur bonheur. Deux hymnes finaux judicieusement placés pour saluer la mort d'Infernum. "Insarna" commence avec un riff céleste dans les aigus, un rythme mid-tempo, et les vocaux caverneux de Capricornus, mêlé a des pistes de synthé simplistes mais au combien efficaces. Les riffs s'enchainent à merveille, un pur délice estampillé vieille école polonaise. Les sept minutes de "Inverted prayer" sont du même acabit. Rythme de batterie très marqué old-Graveland (logique puisque Capricornus y tenait les baguettes auparavant), riffs acérés et mélodiques, synthé basique en fond, puis ce riff éthéré en break si particulier, mélancolique et nostalgique d'une époque qui n'est plus, me rappelant fortement les morceaux en répétition qui figurent sur la réédition de "Carpathian Wolves" de Graveland. Vraiment deux titres incontournables, qui font passer "Black march" pour un travail moins abouti, voire inachevé . A conseiller aux amateurs d'un black metal qui ne se fait presque plus entendre de nos jours. Un digne testament pour Infernum: ashes to ashes, dust to dust.