Massemord › Twelve Years Of Mass Murders

L.H. Warmachine s’évertue, sur son quatrième recueil, à reproduire l’ambiance glaçante et granitique, oppressante et flippante, d’un désespoir sans borne, que sait dégager par excellence le black metal, celui d’antan, celui des grands, et que sait rendre encore aujourd’hui un gars comme Kanwulf quand il est en forme. La grande qualité de cet album est de parvenir, dans ses meilleurs moments, à dégager une tristesse effroyablement désabusée, définitive et irrémissible, au point de foutre limite mal à l’aise. Une tristesse qui, c’est très remarquable, se manifeste ici avec une classe et un panache incontestables, une emphase qui donne toute son envergure au travail de Massemord, d’une façon comparable à ce que peut réussir Nargaroth. Rien que de très banal, certes : c’est du bon black, et rien d’autre. Encore faut-il que cela soit bien fait : c’est le cas. Autre aspect de la personnalité du combo norvégien : ses bonnes vieilles influences 80s qui affleurent de-ci, de-là, apportant une touche old school qui confère un supplément d’âme et de profondeur à un album qui n’en manque de toute façon pas trop. « Last Day Of Snow », particulièrement réussie, avec son blast énorme et ses leads grandiloquents, constitue un impressionnant déferlement de déréliction, de même que l’excellente « Hell », avec sa surprenante intro de piano, simple et belle, que dévaste aussitôt une magnifique envolée de pur heavy metal de très grand style, ample et majestueuse, prolongée de riffs tout droit sortis des années 1980 et tout aussi imparables. « Burning Souls », superbe, d’une mélancolie ravageuse et d’une violence effrénée, est un vrai petit parangon de black metal. « Den Svarte Skogen » donne elle aussi, avec une froide et rigide beauté, dans le plus insondable accablement : un grand moment de déprime. La glauquissime « Skogen Kaller Og Vi 2 », quant à elle, préfère nous la jouer abominablement malsaine : la pièce la plus maladive du lot, laide et sale. Cet album n’en comporte pas moins quelques morceaux de moindre intérêt : « Myers Revenge » – sorte de black n’roll lourd et rampant –, « The Majesty Of The North » – rengaine heavy/thrash pas mauvaise mais redondante –, « Take Me Back To Hell » – simplette et poussive –, « Blood Of The Wolf » – avec son intro kitschissime et son laborieux développement –, ou encore « Welcome To Hell » – tentative electro anecdotique (alors que l’amalgame electro-metal passe un peu mieux sur « King Of The Universe » – ouais je sais, le titre, ahah ! bon, allez...). A noter enfin l’impeccable version live d’« Eternal War » (dont la version studio figure sur « Skogen Kaller »), ainsi que la production, étonnamment propre et lisse (voire trop clinique, notamment pour ce qui concerne la batterie). L’ensemble s’avère donc trop inégal et finalement inabouti, et c’est bien dommage. Surtout en sachant que l’espiègle Warmachine a pris tout son temps pour sortir ça ; il aurait composé cet album en un mois, bon... mais là, il a attendu huit ans avant d’enregistrer ces compos : le résultat aurait pu (dû ?) être meilleur.