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Béla Bartók (1881-1945) › Concerto pour orchestre

14 titres - 76:21 min

  • CONCERTO POUR ORCHESTRE
  • 1/ Introduzione : Andante non troppo ; Allegro vivace (9:55)
  • 2/ Giuoco delle coppie : Allegretto scherzando (5:58)
  • 3/ Elegia : Andante non troppo (7:54)
  • 4/ Intermezzo interrotto : Allegretto (4:13)
  • 5/ Finale : Pesante ; Presto (8:58)
  • 6 à 9/ MUSIQUE POUR CORDES, PERCUSSION ET CELESTA
  • 10 à 14/ TABLEAUX HONGROIS

informations

Orchestra Hall, Chicago, Etats-Unis, le 22 octobre 1955.

Ce disque contient, outre le "Concerto pour orchestre", la "Musique pour cordes, percussion et celesta" (chroniquée par ailleurs) ainsi que des "Tableaux hongrois", non chroniqués ici. Il s'agit d'une version historique : l'interprétation de Fritz Reiner, ami personnel de Bartok qui le soutint dans les dernières années de sa vie, hongrois d'origine, est éclatante malgré sa prise de son ancienne, et vous pète à la gueule. L'orchestre américain est sans faille. Ferenc Fricsay est une autre grande référence. Quant aux versions plus récentes, le choix est pléthorique ; j'aime bien Boulez mais je suis loin de les connaître toutes.

line up

Orchestre symphonique de Chicago, Fritz Reiner (direction).

chronique

  • moderne/musique symphonique

Bartok est le dernier des grands compositeurs maudits. Créateur de génie, son oeuvre est aussi importante dans l'histoire de la musique du XXème siècle que celle des Stravinsky, Schönberg ou autres Debussy. Son influence se fait fortement ressentir par la suite sur des compositeurs tels que Lutoslawski ou Ligeti - mais elle ne se limite pas à la musique "savante", s'imprimant aussi sur de nombreuses marges de la musique "populaire" (Robert Fripp ne le revendique-t-il pas régulièrement comme une influence majeure ?) Attaché à la Hongrie et à son folklore, il n'en demeure pas moins un avant-gardiste à sa manière : tentative de synthèse apparemment impossible entre post-romantisme et dodécaphonisme, folklorisme et emploi de formes classiques, abstraction musicale et expressionnisme enragé, l'oeuvre du Hongrois, en perpétuelle mutation toute sa vie durant, est un gigantesque laboratoire de recherches que des passionnés de tous horizons viendront encore pour longtemps explorer. Et pourtant, en 1945, après une vie tourmentée, en exil aux Etats-Unis, loin de sa patrie tant aimée, gravement malade, c'est dans un quasi-anonymat et dans la misère la plus noire qu'il meurt, aidé seulement par quelques amis, musiciens, intellectuels et mécènes éclairés. Sa gloire posthume sera ensuite presque immédiate, et sa musique qui avait touché si peu de personnes de son vivant sera bientôt jouée dans le monde entier. Ce concerto pour orchestre, composé durant sa période d'exil américain, en 1943, est l'une de ses dernières oeuvres. Bartok est revenu de sa période la plus expérimentale ; il en est arrivé à une simplification de son langage musical et du matériau qu'il utilise. Sans renoncer aux apports folkloriques, il propose cependant une épure symphonique savamment structurée et orchestrée, aux couleurs particulièrement sombres et morbides. "Concerto pour orchestre" : derrière cet intitulé apparemment contradictoire (un concerto est sensé être une oeuvre pour un instrument soliste accompagné par un orchestre) se cache une volonté de séparer davantage les différentes familles d'instruments au sein d'une orchestration fouillée, dense, qui multiplie les dialogues. Ce concerto n'en garde pas moins un caractère "symphonique", et n'a pas à être écouté comme une pièce expérimentale mais comme l'expression finale et aboutie des préoccupations du compositeur, aussi bien musicales que "spirituelles". La structure en est assez étrange : l'oeuvre s'articule clairement autour de ses premier, troisième et cinquième mouvements, les plus courts deuxième et quatrième mouvements servant en quelques sorte d'interludes. Dès le début, nous sommes plongés dans le sombre marasme des cordes les plus basses ; l'atmosphère est lourde, oppressante. Puis, tel la machinerie d'un énorme navire qui se met en branle, le premier thème se répète, s'accélère, et finit par exploser. A partir de là, tout s'enchaîne dans un déferlement sans pareil de virtuosité et de violence qui passe par toutes les couches de l'orchestre avec une maestria effrayante. Vous serez secoués dans tous les sens. Après un premier interlude (le "jeu des paires" du deuxième mouvement, une badinerie quasi-humoristique qui offre un contraste saisissant avec ce qui l'entoure), l'élégie du troisième mouvement vous replonge dans un étrange cauchemar que vous croyiez avoir enfin quitté : submergée au début par les basses, comme au commencement de l'oeuvre, la musique s'envole tout à coup en plusieurs sursauts déchirants et tragiques - puis c'est à nouveau ce même maelstrom indescriptible et angoissant de l'orchestre qui enserre l'auditeur dans une architecture serrée et implacable, multipliant les détours sans jamais pourtant s'écarter de l'essentiel. Enfin, après le second interlude (ce quatrième mouvement complètement déjanté qui s'amuse à reprendre un des thèmes de la septième symphonie de Chostakovitch, que Bartok venait d'écouter au concert lors de sa création américaine !), le mouvement conclusif marque, dans une course à l'abîme véloce et déchaînée, le triomphe de la lumière sur les ténèbres, sans pour autant nous faire oublier les profondeurs dont nous venons d'être tirés.

note       Publiée le jeudi 25 août 2005

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    WZX Envoyez un message privé àWZX

    En fait je lui trouve une atmosphère de contes pour enfants, à ce Concerto. Mystérieux mais irrésistiblement attirant, avec ses harmonies singulières, ses farandoles qui tourbillonnent et se métamorphosent dangereusement, ses recoins magiques mais trompeurs. Le nom de concerto lui donne un sérieux et un académisme qu'il ne mérite pas vraiment.

    Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

    Pareil, je me suis fait une petite cure de Bartok dernièrement. - pas seulement avec ses pièces les plus "gutsiennes" d'ailleurs, ... - En trainant un peu sur les "4 pièces pour orchestre" (le Prélude et l'Intermezzo en particulier...) et les danses roumaines...

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    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Chopé dans la version Dorati/Symphonique de Londres. D'une douce étrangeté, avec ces cordes frémissantes de mystère, ces thèmes qui se faufilent d'un mouvement à l'autre, sensuels ou vifs.

    Pat Bateman Envoyez un message privé àPat Bateman

    Un poil plus lumineux que le "Musique pour cordes, percussion et celesta" mais pas moins captivant.

    Note donnée au disque :       
    bubble Envoyez un message privé àbubble
    oui et son action a l'epôque etait hautement politique ! il sagissait de sauvegarder un patrimoine deja en extinction depuis un moment . un peuple sans musique ca craint...