New Trolls › New Trolls Atomic System

Pour ne pas disperser à gauche et à droite des disques qui ont en finalité une racine commune, je préfère continuer à m'entretenir avec vous des aventures palpitantes de Vittorio De Scalzi qui, non content de varier les plaisirs de disques en disques, songe à présent à rebaptiser sa formation originelle en l'affublant d'un suffixe qui laisse présager qu'ils vont enfin faire tout péter. Ce qui a vraiment explosé en réalité, c'est le groupe en lui-même ; la majorité des anciens New Trolls ayant depuis fondé Ibis avec pour but affiché de se la jouer plus que jamais hard rock, alors que De Scalzi voulait, quant à lui, s'enfoncer d'avantage dans l'expérimentation progressive. Chose qu'il concrétise donc ici avec les désormais New Trolls Atomic System, s'il vous plaît. Disons le tout de suite, ce premier disque de la formation fraîchement rebaptisée surplombe sans efforts ce que le groupe, autrefois au complet, tenta désespérement d'accomplir dans ce créneau. Mais, paradoxalement, exception faite de "La Nuova Predica di Padre O'Brien" et "Ho Visto Poi", aux thèmes riches et aux mélodies instantanément attachantes, les six titres de leur nouvelle réalisation (sept, en compant leur adaptation très libre, limite jazz fusion, du "Nuit sur le Mont Chauve" de Moussorgsky, autrement plus convainquante que les essais pathétiques d'Emerson, Lake and Palmer, mais pour autant tout aussi inécoutable aujourd'hui) ne parviennent pas à extraire l'auditeur de la lassitude qui, peu à peu, s'installe, en dépit d'un singulier effort à maintenir une unité de ton tout au long de ces quarante cinq minutes, ce qui fût jusqu'ici bien trop souvent le cas. Beaucoup de passages instrumentaux relevés sont disséminés un peu partout sur le disque dans un drappé sonore à l'évidente chaleur qui n'est pas sans rappeler l'écrin de production du fameux "A Trick of The Tail" de Genesis. Un symphonisme évident, mais plus interiorisé qu'autrefois, de nouvelles influences (Gentle Giant) se greffant aux anciennes (Jethro Tull, Procol Harum), les New Trolls Atomic System peuvent tirer comme seule avantage de cette nouvelle réalisation qu'ils soient enfin parvenu à se forger une réelle identité, chose que, bien entendu, l'album suivant s'emploiera à démentir...