C17H19NO3 › 1692/2092 - Original Picture Soundtrack

La teneur hautement cinématographique de l'oeuvre de John Bergin transparaissait déjà sur 'Terra damnata', premier opus dantesque de l'américain. Il s'était par ailleurs essayé à l'exercice de l'illustration sonore avec son autre projet metal-indus Trust Obey, pour la bd originale de 'The Crow' de son ami et auteur James O'Barr. Pour son second album, C17H19NO3 crée une bande-son de cauchemar pour le film indépendant '1962/2092' (je vous rassures de suite, je ne l'ai moi-même jamais vu). Loin d'avoir édulcoré ses ambiances au profit d'une accessibilté liée à l'image, Bergin se complait à provoquer tout un flot de visions dantesques et rampantes dans l'esprit de l'auditeur. Si l'Apocalypse a lieu, elle commencera de toutes manières dans nos esprits ! Plus entièrement instrumentale, la musique de C17H19NO3 s'enrichit de la présence de voix féminines, et notamment rien de moins que la participation de Jarboe (divine chanteuse des regrettés Swans) sur deux morceaux d'anthologie. 'The room of ice' qui ouvre les hostilités fait froid dans le dos : chant inquiétant, entre Diamanda Galas et Alzbeth de The Moon Lay Hidden Beneath A Cloud, musique solennelle et funèste. Jarboe remet le couvert en sussurant un texte sur 'Electric air', sur fond de nappes ambient et dissonantes. Brrrrrr... Et le reste n'est pas plus joyeux ! Hymnes martiaux avec 'Überleben ich nicht', les très In Slaughter Natives 'Harvest of souls' et 'Metatron', 'Breathe' et ses percus metalliques, ou dark ambient glauque ('The burning...', 'Excision') qui vous fera regarder plus d'un fois sous le lit avant de vous coucher. 'A spell for breaking...' scinde l'album en deux en proposant une heavenly plus 'reposante' avant que le cauchemar ne reprenne. Bergin n'hésite pas à incorporer des éléments plus ethniques comme sur 'My bones...' ou trip-hop avec un chant à la Björk sur 'I cover the waterfront'. Un remix electro- trip-hop de 'A spell...' non crédité en plage 14 conclue magnifiquement cet album hétéroclite tout en étant cohérent. Sombre et froide, la musique de C17H19NO3 n'en oublie pas pour autant les contrastes, et de temps en temps un rayon de lumière transperce le voile opaque de nos rêves obscurcis par tant de noirceur. Excellent !