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Dødheimsgard › 666 international

cd • 9 titres • 66:06 min

  • 1Shiva-interfere09:10
  • 2Ion storm04:20
  • 3Carpet sombing02:25
  • 4Regno potiri10:19
  • 5Final conquest05:59
  • 6Logic00:59
  • 7Sonar bliss07:39
  • 8Magic01:42
  • 9Completion06:28

informations

Enregistré à Bjorn Boges Musikk Produksjon, par Bogus. Mixé et produit par Bogus, co-produit par Fixit.

Même si l’analyse du timing peut varier de plusieurs secondes en fonction des lecteurs, il faut noter que le disque dure normalement 66.06 minutes, qu’il comporte 66 pistes et que cette dernière plage dure 11.06 minutes, c’est à dire 666 secondes.

line up

Aldrahn, Carl Michael Eide (batterie, guitare [6]), Mr Fixit , Apollyon, Magic Logic / Bjorn Bogus, Ginger God.

chronique

Avec «666 international», Dodheimsgard a commis l’impossible : il a péché aux yeux des satanistes. «Kronet… », «… Possession», «Satanic art»… le phénomène n’a cessé de perfectionner son black metal ; un des plus grands et fidèles prêtres du cornu, qui dans sa logique jusqu’au boutiste et totale, en vient donc aujourd’hui à nous montrer son cul. Il est temps d’ouvrir les yeux le diable n’est pas norvégien. Il n’est pas plus sombre qu’étincelant, il n’est pas forestier, nocturne ou que sais-je : le diable a toutes les formes, il est international. Pour bien montrer qu’il ne revendique plus rien d’autre que l’extrême et l’opposition, à tout et à tous, Dodheimsgard l’icône black norvégien pose avec des corpse paints, mais de toutes les couleurs, rouge, jaune, bleu, il pose en jupe et bijoux, emperlousé, un pistolet en plastique pointé vers l’objectif. «Allez tous vous faire déchirer !»… tous ! Dodheimsgard a décidé de choquer et violer absolument tout le monde, de l’occident à l’orient en passant par le fantôme d’Euronymous : «666 international». Et pour les quelques petits malins qui restent, simplement amusés par ce look packaging et cette décadence hautement esthétique, qu’ils ne s’attendent pas à passer avec autant d’aisance la seule véritable épreuve dont il s’agit ici : la musique de Dodheimsgard. Deux ans plus tard, le blasphème «Grand déclaration of war» de Mayhem ne sera rien d’autre qu’un album de pur true black metal. Mais ici quel univers, quel monde de démence… quelle folie. Tout y dérange, tout y déplaît, tout est gênant… rien, mais alors rien du tout, ne se passe comme on le voudrait. Les émerveillés de «Satanic art» seront les premiers à morfler : les trente premières secondes de 666 reprenant très exactement là où le petit bijou nous avait laissé : on réentend le piano de «Wrapped in plastic» et la fureur de «Traces of reality» transperce les enceintes pour planter sa perceuse au centre de votre front. Mais bientôt tout s’arrête… et c’est alors que se révèle devant nous l’indéfinissable nature de la bête qui habite le cauchemar où l’on vient de se faire enfermer. Rythme groove aux textures froides et synthétiques, technoïde, une guitare claire qui ondule depuis les abîmes de la dark wave… et la voix sans repos, déclamée avec démence et conviction, avec une science de l’arythmie, du disharmonieux, du n’importe quoi, qui n’est d’abord tout simplement pas supportable. La démarche de Dodheimsgard est le contre-pied systématique, la rupture constante, la volonté manifeste de casser tout ce qui semble s’installer, l’utilisation de toutes les formes d’agressions sonores, black metal plus scalpel encore que «Rebel… », indus glauque ; les traitements de Bjorn Bogus permettent tous les rythmes : percussions rotatives electro-tribal, groove texturé et froid, immondices. Lorsqu’un riff est gros et lourd, alors le son est sec et plat pour frustrer le blackeu, si l’ambiance est magique, perlée de sons synthétiques et d’un mid-tempo parfait, alors on revient blaster sans prévenir avec une véhémence inégalée, et Aldrahn n’a pu enregistrer cet album qu’en se cognant la tête contre les murs. Les claviers de Magic Logic sont magistraux, polymorphes… c’est une mélodie magnifique au piano sur une fureur indescriptible, c’est une pluie d’arpèges martiennes au creux des moments les plus ambigus, c’est une petite ritournelle de malade à l’air insignifiant mais qui vous interdit d’être à l’aise. Tout, absolument tout, converge vers le dérangeant. Quelle folie, oui, que cette succession qui semble informe de style, de sons, de partis pris, de genres, d’accouplements contre nature… mais quelle violence aussi, encore, quel extrémisme, comme ce «Ion storm» ou le morceau le plus violent jamais enregistré. Les ruptures sont le plus abrupte possible, les passages qui se succèdent se veulent opposés, ennemis l’un de l’autre. Et enfin, sachez qu’Aldrahn n’est là que pour vous empêcher de vous habituer à cette musique. Car lui semble n’en avoir rien à foutre, il déclame dans tous les sens, il hurle, il raconte, il fait n’importe quoi et on l’entend tout le temps : impossible de s’habituer à ces structures si exigeantes, puisque le vocaliste et son mix en avant fait son show autonome sur le devant de la scène. Pourtant, «666 international» finira, peu à peu, par vous ouvrir ses portes. Patience, respect, même si on s’en prend plein la gueule, écoutes … et l’on entre enfin ce Pandemonium unique et absolument fabuleux. La richesse sonore, la finesse de production, la complexité, la densité, les découvertes incessantes, et cet Aldrahn, finalement, qui contrairement aux apparences, nous montre les vrais couloirs à emprunter pour ne pas se perdre… couloirs sinueux, apesanteur, tête en bas… Aldrahn hurle, hurle, et la saturation de la guitare est si clinique, son riff si inhumain que vraiment, on y laisse des neurones. À un moment, je me retrouve à marcher dans un petit corridor de velours où je perçois un joli piano solitaire… Et puis pourquoi se retrouve-t’on ici, tout à coup, dans ce temple souterrain aux dorures incroyables, aux pénombres calculées, à l’écho acoustique mystico-futuriste, et où volettent des petits sons par dizaines, formant des mélodies, des patterns rythmiques, ourdissant des ambiances aussi mystérieuses que fascinantes... tout cela est décidément et merveilleusement gothique ! Cet album n’est pas un pari complètement fou, c’est, plus simplement encore, une folie pure. Inutile de chercher à comprendre : laissez vous hurler dessus, insulter, prendre pour un con, si vous voulez connaître, enfin et pour de vrai, LE visage du diable. Bien sûr que cet album est insupportable, mais vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que le diable vous aime ?

note       Publiée le mercredi 26 février 2003

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Note moyenne        80 votes

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Quelques années avant de sortir le meilleur disque de batcave sympho-baroque de l'univers (A Umbra Omega, bien sûr), il aura fallu que les mecs nous fassent l'un des meilleurs albums de dark-wave, aussi (même division).

Même si l'honnêteté me pousse à reconnaître que, pour avoir bâfré les autres à hautes doses depuis ce week-end, j'entends celui-ci moins alien qu'à l'accoutumée, et distingue des bribes de choses qu'on transposerait aisément chez Thorns ou Mysticum. Mais juste des bribes, et ça reste cent fois moins gauche que Satanic Art, un peu trop revendicatif, démonstratif, "un manifeste".

Message édité le 18-04-2023 à 17:14 par born to gulo

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Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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Farpaitement.

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Et la pochette est « pandan l’œil » ?

Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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Il tape toujours aussi fort celui-là. Album « pandanlagl’ » par excellence.

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Sigur_Langföl Envoyez un message privé àSigur_Langföl

Merde, mais qu'est-ce qui s'est passé?

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