Boy Harsher › The Runner (original soundtrack)

J’étais dubitatif au départ… Une b.o. de film ? Par un groupe de minimale wave ? Sans avoir visionné ladite pellicule ? Sur le papier, bof, mais alléché par les soldes, j’ai choisi de compléter la collection. Rassurons les sceptiques de mon acabit, c’est bel et bien un album de Boy Harsher qu’on écoute, avec chant et rythmes. Le duo a apparemment réalisé un court-métrage d’horreur narrant ‘le parcours d'une femme étrange dont les pulsions violentes se révèlent alors qu'elle déambule dans une ville isolée du monde", il était logique qu’il en signe aussi la musique. Est-ce dû aux images ? Je trouve même ce disque emprunt d’une émotion plus profonde que généralement chez Boy Harsher. Cela débute par quelques notes glauques à la Carpenter mais très vite le chant de Jae Matthews apporte une touche triste et inquiétante; quand éclatent les percussions, on bascule carrément dans le glauque. Grand titre que ce ‘Tower’, il dégage assurément une atmosphère des plus cinématographique et angoissante. Les deux pièces suivantes se révèlent plus typique du duo et s’écoutent sans forcément songer à un quelconque film: minimale désenchantée avec une touche club toxique. ‘The ride home’ renoue avec son cahier des charges de b.o. et s’avère d’emblée plus sombre, inquiétant, atmosphérique. Les références à Carpenter sont évidentes mais là où le réalisateur créait une musique purement d’ambiance, le combo ne parvient pas à cacher longtemps son aptitude à composer une musique dansante. Fut-elle au ralenti. L’excellent ‘Escape’ dégage quelque chose de vraiment triste, émotion pas si courante chez Boy Harsher. Lorsque ‘Jae Matthews’ chante ‘Baby, we can escape’, une aura de résignation et d’inéluctabilité encore parasitée d’espoir se répand. ‘Machina’ balaie d’emblée cette esquisse de fragilité, comme si elle était indécente; voilà un pur tube dansant et robotique, une sorte de shot de coke avant la sortie du club à l’aube… Ambiances désolée, parsemée de notes de piano tristes, un sentiment de perte et d’échec repris par l’ultime chanson… ‘I understand’… Ah oui ? Si l’on s’amusait à recréer le film d’après les morceaux, le final n’en serait pas joyeux. Nullement tragique non plus, juste inéluctable et condamné. Oui, assurément un album plus profond que d’habitude, sans beaucoup d’espoir… On s’en doutait un peu, pas vrai ?