Mathias Delplanque › Chutes

Ma rencontre avec Mathias Delplanque s'est faite aux Champs Libres de Rennes. Le type – très sympathique – semblait avoir été catapulté là un peu par hasard, pour une sorte d’événements organisés par la commission culturelle slash éducation slash communication chargée de la représentation de l'architecture dans la musique contemporaine ou quelque chose dans ce goût là – événement dont je n'ai pas ailleurs aucun souvenir, sauf concernant la perf' de Delplanque qui était en tout point excellente. Posté devant une table bardée d'instruments préparés (guitare, mini-xylophone, etc...), machines diverses et laptop, Mathias auto-enregistrait des sons bourrés de graves, exécutait des petites mélodies qu'il samplait en direct et retravaillait au laptop (reverse par ici, delay par là), puis renvoyait le mélange brut dans une étrange forme de cohérence. Revêtant des atours entre l'inquiétant et le zen (l'espace situé entre le drone de guitare et le bol tibétain, en gros), « Chutes » est donc une compilation de segments de différents enregistrement live non retravaillés. Le procédé engendre une perte inévitable, celle de l'immersion. Ou pour rester dans le thème, celui de la construction inachevée. Car s'il y a bien une expression qui lui colle bien, à monsieur Delplanque, c'est celui de sculpteur de son : produisant lui-même ses samples, avec ce côté géo-trouve-tout somme toute classique mais inventif, il érige avec une facilité un peu énervante des paysages variés, raffinés, contrastés, minimalistes et froids. L'aspect un peu « pot pourri » a tendance à casser l'ambiance, malheureusement, comme quand on se balade dans un magasin de meubles. Il faut donc prendre ce disque pour ce qu'il est : un témoignage, une reproduction de l'expérience live à laquelle je vous invite à assister.