Die Apokalyptischen Reiter › All You Need Is Love

J'ai eu une période death & black assez poussée, même si loin d'être exhaustive, entre 14 et 17 ans, étant temporairement devenu un abonné des commandes téléphoniques chez Adipocere et Holy records, et lecteur de Metallian fantasmant d'aller au Wacken. J'en suis revenu depuis longtemps, mais cette période a marqué mon ADN mélomane à sa façon. En sont restés dans mes rayons des albums tels que celui-ci, dont j'avais quelque peu oublié l'existence au fil de la décennie passée. Pourquoi ai-je gardé Die Apokalyptischen Reiter, ce groupe mélo-sympho-death (avec vocaux black/death), bouffi d'arrangements gothicokitsch (piano ! piano !) dignes de Eternal Tears of Sorrow - même si la référence ne parlera pas à tout le monde - et allemand assumant sa langue natale de surcroît ? Parce que "Unter der Asche" est le tube absolu qui m'a mené à eux via un sampler H'n'H, une tuerie triple-saveur avec des parties thrash zoukantes au possible qui ne peuvent laisser de marbre aucun métalleux digne de ce nom. Parce que, sans me laisser aveugler par le pincement noslatgique évident, j'y ressens encore une sincérité et une force réelles. Oui, All You Need Is Love, derrière son double-visage à ma fois "déjanté-metal protéiforme tendance parodique" et "heavy-metal pompier sans limites de mauvais goût", qui suinte de partout, quelque part entre Carnival In Coal et Misanthrope, mettons, est par bien des aspects aussi aberrant qu'il est possible de l'être pour un groupe de métal mélodique, et agglomère, agglutine, tous les vilains tics que le genre pouvait avoir dans sa période la plus douteuse, c'est à dire vers 2000, au moment où toute une génération de métalleux a commencé à se sentir vieille. Et pourtant, c'est probablement grâce à ce disque et à ce disque seul que j'ai évité des pertes monétaires lourdes en investissant dans Children of Bodom, Dimmu Borgir et Cradle of Filth... Le profane ne verra sans doute guère de différence entre ces trois prosti-groupes et conspuera tous les tics de Die Apokalyptischen Reiter comme il se doit. Je trouve pourtant dans ce skeud à peu près tout ce que je cherche dans le genre sous forme pure : attaques magnifiques, envolées guitaristiques hardies comme Godefroy, accalmies évocant quelque pique-nique dans une clairière elfique, parfum de folklore germanique indéniable, touches katatonio-inflamesques aussi douteuses que réussies, le tout dans ce qui ressemblerait à un grimoire en plastique vendant plus de rêve que n'importe quel "livre dont vous êtes le héros", parachevé par un final gutsien à n'en point douter. Ne pas savoir si All You Need Is Love est un album pseudo-naïf ou un album pseudo-parodique fait aussi sa saveur. Mais peu importe l'intention, dans le fond : j'accomplis le voyage avec ces abrutis schizocavaliers, je les suis dans leur périple, je grimace avec eux, gambade dans leur forêt, entre cris d'orque pouilleux et invocations de baron maquillé façon Umbra et Imago, touches de clavier cheap à la Oomph! et solos qui joutent, et je me rends compte encore aujourd'hui que rares furent les disques qui condensèrent avec une telle désinvolture autant de laideur métalleuse, pour en faire quelque chose de si mignon. Die Apokalyptischen Reiter, c'est mon Opeth.