Beaten to Death › Dødsfest!

Nous étions le 16 Février. Deux jours auparavant, nous avions retrouvé le corps sans vie de Pamela, vingt-trois ans. Son visage était couvert d'ecchymoses. Ses côtes furent brisées à de multiples endroits. Son foie avait éclaté. Dans sa bouche, là où les dents manquaient, nous avions retrouvé, enroulé, un string rouge, de ceux dont on se sert pour former une rose. Dans son sac à main, une paire de lunettes trop grosse, des chaussettes vintage, un bandana, un petit appareil photo Polaroïd, des capotes non usagées, un livre de Nietzsche, et un étrange compact disc à la pochette expressive. De retour au bureau, nous avons recoupé les preuves. La photo de son petit ami (moustachu, chemise à carreau, bretelles, lunettes,doudoune), un musicien, serrant dans ses bras le frère de Pamela. Des produits toxiques trouvés sur les lieux de la soirée du 14. Du lubrifiant. Ce même petit ami devenu introuvable. Une chambre avec un poster de Deafheaven. Trois cent cinquante-huit amis Facebook. J'aime les pages de Converge, Led Zep, Orchid. Nous tenions quelque chose, mais quoi ? Mon partenaire a fait tourner l'album que nous avions trouvé dans le sac. C'était brutal. Du grindcore très violent, avec un drôle de son. Un son de guitare si éloigné de nos habitudes. Un son de guitare presque lo-fi, presque cheap, presque... rock indé. Et pourtant les blasts sont incessants, et cette voix qui hurle, et... ces mélodies emo, c'est... l'émotion. Les choses commençait à s'éclaircir. On a commencé à gigoter l'un et l'autre, devant toute cette puissance, cette ingéniosité. Moi ça me rappelait le grunge de ma jeunesse, rejoué par Discordance Axis. Lui, ça lui rappelait les meilleurs titres d'Envy, rejoué par Phobia, Maruta ou Alpinist. Sans vraiment comprendre comment, on s'est foutu sur la gueule. Ça n'a pas duré longtemps. Mon partenaire s'est vite retrouvé au sol, là où je l'ai terminé à coup de godasse. Ça faisait un drôle de bruit, sous mon talon. Comme si je marchais sur des crackers. Je me suis quand même un peu acharné sur sa mâchoire, sans trop savoir pourquoi. Et puis le disque s'est terminé, pile au moment où je reprenais mes esprits. J'ai noté un truc dans mon carnet, puis je suis allé mettre toutes les preuves dans une poubelle pour y mettre le feu. Toutes les preuves, sauf le disque. Faut pas déconner.