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Gabriel Faure (1845-1924) › Requiem v. 1893

cd • 12 titres • 56:15 min

  • Gabriel Fauré : Messe de Requiem op. 48
  • 1Introït et Kyrie (chœur)07:08
  • 2Offertoire (baryton, chœur)07:46
  • 3Sanctus (chœur)03:19
  • 4Pie jesu (soprano)04:28
  • 5Agnus Dei (chœur)06:31
  • 6Libera me (baryton, chœur)04.32
  • 7In paradisum (chœur)03:56
  • Gabriel Fauré / André Messager (1853-1929) : Messe des pêcheurs de villerville
  • 8Kyrie04:36 [Messager]
  • 9Gloria. Benedictus04:30 [Fauré]
  • 10Sanctus02:00 [Fauré]
  • 11O salutaris02:57 [Messager]
  • 12Agnus dei03:10 [Fauré]

informations

Enregistrement septembre 1988 . Prise de son Raymond Butin et Joël Soupiron.

Le choix de cette interprétation de Philippe Herreweghe est indissociable de la chronique. Elle est devenue l'incontestable référence depuis sa sortie en 1988. L'oeuvre a toutefois acquis sa popularité par sa version pour grand orchestre, qui vaut pour son pathos accru et son poids dramatique : à ce titre, la dernière version de Michel Corboz (Aria music 1992) est la plus investie, émouvante et touchante, à l'image de son chef.

line up

Agnès Mellon (Soprano) ; Peter Kooy (Baryton) ; Jean-Philippe Audoli (Violon solo) ; Leo van Doeselaar (Orgue) ; LA CHAPELLE ROYALE ; LES PETITS CHANTEURS DE SAINT-LOUIS ; ENSEMBLE MUSIQUE OBLIQUE : Philippe Herreweghe (Direction)

chronique

  • musique sacrée-xxième siècle

«Mon requiem a été composé pour rien… pour le plaisir si j’ose dire… j’ai cherché à sortir du convenu… une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux»… ne vous attendez pourtant pas à sourire à l’écoute de ce disque, si ce n’est face à la grâce plus légère du complément de programme : «Messes des pêcheurs…». Certes le très célèbre requiem de Fauré, et surtout ici restauré dans sa partition originale pour effectif restreint, ne se veut jamais dramatique ou tragique, mais sa beauté grave et son profond recueillement relèvent bien des ténèbres. L’éclat de cuivres qui ouvre les hostilités disparaît aussitôt, comme le souvenir d’un cauchemar à l’instant du réveil… mais c’était bien un cauchemar, et l’on se réveille en pleine nuit. Du silence vient le chœur, doucement, retenu à l’extrême, et quelques cordes profondes au développement ralenti et inexorable enfoncent le clou de la noirceur… l’introït de Fauré n’a rien d’une délivrance, bien au contraire, il assure l’emprisonnement immédiat de l’auditeur, au cœur des ombres à venir. Des mélodies lentes et tempérées, mais aux harmonies intenses, chœur qui se déploie, se dédouble, des cuivres soudains, en lignes tendues, et un ensemble de cordes qui a refusé les aigus des violons pour ne démarrer qu’au crépuscule des altos, jusqu’à la nuit des contrebasses. On doit incontestablement au choix de Philippe Herreweghe d’en revenir à la partition authentique, et de la servir par son ensemble de musique contemporaine «Musique oblique» l’expression de toute la science et la finesse de cette partition résolument inscrite dans le XXième siècle. L’ouverture de l’offertoire retrouve dans son dépouillement et son rythme lâche et ambigu une dissonance et une étrangeté qui préfigurent la nuit schönbergienne. Il s’agit d’une musique toute en voiles et tissus, hors solistes aucune saillie ne la précise ; elle se constitue et se consolide par le jeu des plans instrumentaux et vocaux ; les cordes, vagues lentes et sombres, les cuivres (Cors et trombones…) qui incisent le propos par accès décalés, les strates du chœur dont les lignes se croisent, se mêlent et se poussent vers une clarté voulue, mais seulement esquissée. Cette partition n’est rien d’autre qu’un jeu d’ombres et de lueurs… et encore une fois, cette version seule nous le révèle aussi radicalement. La simplicité de cette formation retrouvée et tranchée (pas de violons, sinon soliste, pas de baryton, sinon soliste, ce qui crée par l’opposition franche Ténors/basses du chœur une ampleur d’espace saisissante, merveilleusement et logiquement habitée par le soliste) alliée au modernisme du choix de direction, lent mais très tendu, retrouve l’abstraction intrinsèque que le romantisme du grand orchestre avait fini de dénaturer. Une autre vision de la mort, apaisée, oui, et souvent tournée vers le ciel, comme ce Sanctus angevin, où à l’instar du baryton du Libera me, le violon soliste est porté par sa solitude. Ombres et lueurs, encore une fois… avec ses gouffres noirs, et ses longues vagues tranquilles qui respirent sous la lune. Fauré l’a bien compris : il n’est pas besoin d’une horde de faucheuses pour voir la mort de près. Il en suffit d’une seule.

note       Publiée le samedi 15 juin 2002

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ellington Envoyez un message privé àellington

l'oeuvre mérite 6, bien sur, mais herrewweghe, chef trés intellectualisant, est pour moi un contre-emploi dans ce repertoire. Je propose a ceux qui se passionne pour le requiem d'écouter Ernest ANSERMET - DECCA( un version trés belle dans un décor musical de petite église de campagne, avec l'évocation de la mort la plus apaisée qui soit )ou, quitte à entendre un chef qui tire la couverture à soi , Carlo Maria GIULINI -DG , pour une version si lente, si solennelle que l'écoute est suffocante, malaisante , ... et inoubliable.

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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Vu il y a une semaine à Ainay (Lyon), très belle prestation malgré une église qui ne pouvait contenir les immenses choeurs et ne savait restituer la finesse du son (architecture romane oblige...)
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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Je n'ai qu'un enregistrement ancien sur vinyle (1962, Cluytens, EMI) qui restitue déjà bien ce Requiem... je pencherai un tympan sur les versions plus récentes
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Botherhood Envoyez un message privé àBotherhood
Le Requiem de Fauré est l'œuvre sacrée la plus discrète et la plus émouvante qui soit.
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marine-mia Envoyez un message privé àmarine-mia
J'ai un autre enregistrement et je trouve que le mien fait aussi bien ressentir "le jeu d'ombres et de lueurs" mais j'écouterai aussi l'enregistrement de la chronique. Losqu'on écoute ce requiem, on a pas peur de la mort.
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