Blaq Poet › Blaq Poet Society

Il paraît que Glass Candy a samplé les Geto Boys. Alors même s'il pleuvra des nanas péroxydées le jour où un producteur de hip-hop fera du Johnny Jewel, je ne me suis pas étonné de la mixture préparée sur ce Blaq Poet, en tombant dessus dans les bacs y a quelques mois, sachant qu'on est encore et toujours bien ancré dans cette interminable hype culturelle années 80... merci, ça va, on a compris, c'est trop classe de faire comme dans les années new wave ; c'était marrant au début, on passe à autre chose bande de balourds ? Les années 2010 seront consacrées à faire revivre le grunge et les compiles dance machine, remarque... Si je ragnagna comme ça sur mes 80's adorées, c'est que ce Blaq Poet Society, sans en faire un concept, affiche sur plusieurs titres une esthétique assez racoleuse pour toute notre génération de nostalgiques, probablement aux dépends de son antiquité de MC... Imaginez des productions qui resssemblent à un crossover grossier entre B.O. de série B (quelques sons à la Goblin période new wave, d'autres proche du hard FM), mélangée à du gros beat vertical et digital. Vous êtes proche du résultat très nutella & néons aveuglants opéré par Stu Bangas et Vanderslice sur le troisième Blaq Poet. Ayant vraissemblablement coupé les ponts avec son mentor Premier pour s'allier à des jeunes producteurs vénérant le gros son digital à gros synthés, le Poet, ce MC à l'ancienne a viré horrorcore gros calibre pour conducteur de 4X4 à la Army Of The Pharaohs ou Coka Nostra. D'ailleurs, question flow, faut bien le dire, pas de grosse différence avec les gros sacs type Vinnie Paz, je me suis même demandé par moments si c'était pas de lui ce skeud... avant de voir qu'il est même en featuring, ce gros cul. Pour un disque de gros culs, qui fonctionne par intimidation à coups de beats carrés, de flows-tanks et de synthétiseurs surmixés. Poet a encore un peu d'inspiration, se tapant quelques trips bien ghetto ("Hood Talk"), évoquant toujours la morosité d'un Queensbridge inchangé. Mais l'enrobage, qui est aussi le corps, n'est que du bourrinage finalement assez stérile derrière quelques effets très gros et très clinquants. Un constat courant dans la frange "dark-beauf" du hip-hop depuis cinq-six ans. Effet assez boeuf la première fois, gavage la seconde, et rideau la troisième. Même si j'avoue avoir un faible pour "Life Of A Hustler", avec sa prod hard FM enrichi en glucose à la Giorgo Moroder qui me fait imaginer des renois du Queens faisant de la soudure avec Jennifer Beals... moisson antigutsienne temporaire quoiqu'il en soit, ciblant le fétichiste du synthétique. Cet album est une façade, un maquillage épais, presque créé pour ne pas être "diggé" tant il se livre dès la première écoute, à coups de talons dans la gueule et d'effets flashy-néons. Reste une pochette exquise pour le cinéphile, avec ces teintes nocturnes qui n'auraient pas fait dégueu sur une affiche pour un Lustig ou un Ferrara... ou un Fulci. En fait ouais, achetez plutôt le poster.