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Latyrx › The Album

cd • 14 titres • 47:16 min

  • 1Latyrx
  • 2Say That
  • 3The Quickening (The Wreckoning Part II)
  • 4Balcony Beach
  • 5Live 90.3 '94
  • 6The Muzappers Mix: The Flickering Flame/ Rankin' #1
  • 7Funky Granules
  • 8Bad News
  • 9Off (With) Their Heads (Be Prompt)
  • 10Interlude
  • 11Burnt Pride
  • 12Scratchapella
  • 13The Wreckoning (Live 45 Mix)
  • 14Burning Hot In Cali On A Saturday Night

informations

at Live Oak Studios, Berkeley. The Glue Factory, San Francisco.

Les durées des morceaux sont notées de façon subjective et/ou approximative.

line up

Lateef The Truthspeaker (MC) + Lyrics Born (MC, production)

Musiciens additionnels : DJ Shadow (production), Chief Xcel (production), Joyo (chant), John Tchicai (saxophone), Big Otions (basse), "Ill" Al Ballard (batterie), "Mad" Shawn Strummy (guitare), Zen E. Bo (harpe), Rich & Cliff (cors), K-Versus (orgue) Mack B-Dog (tambourin)

chronique

  • alternatif / abstract

Latyrx (pour "Lateef + Lyrics Born"), cités il y a dix ans sur la toute première chro de hip-hop de notre site (à dessein, connaissant le Progmonstre - démerdez vous pour trouver laquelle par contre), a peut-être mis sur pattes LE album de hip-hop indie aussi culte qu'oublié. Culte, parce que tout le monde ou presque a déjà entendu parler de cette figure mythique du collectif-label indépendant Quannum Projects, au détour d'une conversation, et sait que DJ Shadow y a fait ses premières armes en tant que producteur juste après la sortie de Entroducing, ou que des Blackalicious alors totalement underground y ont tâté du featuring. Oublié, pour des raisons assez obscures... libre de toute entrave, ce qui en hip-hop est souvent une tare dans la bouche de l'amateur, préférant le confort rassurant des routes rectilignes, il a sans doute visé trop haut à une heure où il le rappeur moyen misait sur les stratégies alimentaires en ressortant des ficelles usées. The Album est avant tout un bien curieux disque, à la fois traditionnel et avant-gardiste, aussi verbeux qu'énigmatique, qui s'adresse aux plus exigeants d'entre nous. Avec Latyrx, on comprend aussi que cLOUDDEAD ou Boom Bip & Doseone n'ont, en réalité, fait que suivre une voix déjà toute tracée. Mais ma théorie qui en vaut probalement une autre... qui pourrait raconter que venant de Frisco, un duo de rap alternatif était voué à rester dans les limbes. Evanescent, trituré de partout, alliage de beats synthéfunky à la new school et d'expérimentations délicatement trip-hop ou chill-out orientées vers le nouveau millénaire, Latyrx, sonne parfois comme si le premier Slick Rick avait viré native tongue puis rencontré Organized Konfusion dans une station spatiale (warning : subjective chreunik, muthafuka !). Mais la plupart du temps, Latyrx sonne comme du Latyrx. Ce hip-hop délivre toute une myriade de petites perfections difformes, en trois petits quarts d'heure. Sa richesse est grisante, autant que sa beauté biscornue fascine. Si l'album pâti d'un manque relatif d'homogénéité, le faisant parfois ressembler à une compile déguisée en LP, c'est la conséquence de sa richesse-patchwork (on peut y passer de prods limpides et quasi-lounge à un extrait au son démo pourri, l'enchaînement "Balcony Beach" - "Live at 90.3 '94" est révélateur : comme de passer d'un panorama de plage, sous prozac et pina colada, avant d'être téléporté aussi sec dans une boîte à chaussures remplie de ouate... plus loin, "Burnt Pride", entièrement joué par des vrais zicos avec cuivres et guitares, transbahute le trip dans un décor funk rock). Un de ces albums-boîte de pâtes de fruits où chaque couleur aguiche les sens et provoque une envie d'y revenir. Surtout avec un bon casque, on ne le dira jamais assez (histoire de bien se prendre en travers du melon la ligne de basse turgescente de "The Wreckoning"). Collage maniaque de samples modifiés, instrumentaux en maëlstroms organiques et sculptures digitales, folie douce des flows débitant des phrases aussi insensées que poétiques, Latyrx pue l'isolement psychiatrique, l'imagination phonétique, les mondes intérieurs de MC's préférant s'échapper du réel que de gaver l'oisillon des sempiternels storytellings urbains. Lateef (le renoi) et Lyrics Born (le nippon ; pour l'anecdote c'est le type à droite sur la pochette de Entroducing) jouent avec le feu des syllabes, créant des casses-têtes mentaux à partir des cendres, slalomant entre les empilements de beats... leurs flows emberlificotent et déroulent des lyrics gloubliboulgesques, mutent sans cesse, se liquéfiant avant de passer à l'état gazeux, pour finir par se solidifier en couplets nonchalants et à la beauté absurde, quand ce n'est pas simplement pour débiter de la punchline tarabiscotée par pure gratuité. Histoire de rappeller que le hip-hop, c'est aussi kiffer la rime qui claque, avant de passer des, hem... messâââges. Même si par éclairs, ils donnent aussi dans la morale type "conscient", parfaitement lucides sur les thèmes usés et les clichés de la scène. Ô exquises métastates lyriques, potions succulentes pour l'esprit paradoxalement relaxé par ces débit vocaux aussi capricieux que des bébés bourrés ! Le livret a en plus le bon goût de contenir la majorité des paroles, ardues à suivre tant les mots sont mâchés, malaxés, lâchés comme des oiseaux malades dans la voûte céleste de notre mental anémié par la délicatesse malfaisante de... arf mais qu'est-ce que je raconte bordel ? Le plus étrange avec cet album, ça reste quand même la date de sortie : 1997. L'année suivante allait voire naître le premier Hyeroglyphics, mais combien d'albums aussi essentiels et inventifs dans cette seconde moitié des années 90, tant décriée ? Alien en son temps, fruit de fétichismes bizarres aujourd'hui, Latyrx (on prononce "latirix", au fait, d'ailleurs c'est la première chose qu'on entend après avoir pressé play) a l'esthétique parano-zen d'un bonsai arrosé à l'absinthe. Ses phonèmes sophistiqués virevoltent comme des phalènes autour d'une ampoule pâle et grésillante : notre cerveau.

note       Publiée le mardi 13 novembre 2012

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Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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C’est une perle ce disque mais la gestion du volume d’un des deux mc est pas ouf quand même… ça me gâche un peu le plaisir.

Retentative au casque dans quelques jours. J’me dis qu’un disque univers comme celui-là mérite quand même mieux qu’une écoute semi attentive sur mon speaker bloutousse.

Cera Envoyez un message privé àCera

comme dit dans la chro et plus bas, j'entends ici un condensé du meilleurs du Hip Hop alternatif des année qui suivirent.

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Bordélique, créatif et très accrocheur que ce soit au niveau des instrus ou du flow particulier (et très entrainant) de Lyrics Born. J'ai parfois l'impression d'écouter un catalogue du meilleur de l'abstract hip hop quand je me passe cet album.

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merci pour le fusil... Envoyez un message privé àmerci pour le fusil...

Bigarré, ludique et le flow de Lyrics - mi-maché mi-chaotique - qui s'enroule sur lui-même avant de retomber sur ses pattes.

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SEN Envoyez un message privé àSEN

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