'Sombre et salement mal luné...comme ce que avec quoi Black Flag a essayé d'expérimenter...et a échoué', beau compliment de la part d'Henry Rollins à propos d'un groupe sur lequel trouver des infos précises est une vraie gageure. Crée au milieu des 80's, Internal Autonomy s'inspire de la tradition anarcho-punk ou 'peace-punk' comme l'ont baptisée certains sans chercher à s'en revendiquer outre-mesure afin d'éviter toute forme de carcan. Quelques singles, un album, un second qui ne sortira jamais...Presque tout est ici compilé sur un double cd et l'on s'incline et on dit merci parce que Internal Autonomy, c'est d'la balle comme on dit familièrement. Une musique sombre et tendue avec chant féminin qui appelle automatiquement à la comparaison avec Siouxsie and the Banshees, Rubella Ballet, Skeletal Family et quelques restes des Poison Girls dont le groupe reprend d'ailleurs 'Persons unknown' de belle manière. Musicalement, si l'on retrouve bien une forme de colère punk dans plusieurs morceaux (notamment ceux avec chant masculin comme 'Storm', 'You tell me !'...), c'est principalement du côté du post punk goth que l'on navigue (la limite entre les deux étant d'ailleurs parfois si ténue que je ne prends pas beaucoup de risques): jeu de batterie roulant, guitares sombres et passionnées...Tout semble joué mais on réalise vite que Internal Autonomy vise plus loin avec des structures riches, variées selon les compositions, s'offrant des intros acoustiques ('Here in our hearts', 'Sink or swim'), des plages plus tranquilles, des instruments supplémentaires (synthé, saxophone, violon, cuivres) ou simplement des envies d'atmosphères différentes (ainsi les accents hispaniques de 'Here in our hearts', l'orgue dissonant de 'On the edge', le ska de 'Breakout'...) sans forcément perdre de la cohérence. Cela est d'autant plus remarquable que visiblement, le groupe a subi pas mal de changements de personnel (les oeuvres sont souvent inscrites collectivement sans précision détaillée quant aux personnes impliquées). Vu la provenance variée des chansons, quelques différences qualitatives sont à noter du côté du son mais globalement le tout reste unifié et offre un confort d'écoute optimal. Voilà qui est appréciable pour un combo qui ne signe aucune pièce faible, avec des instants particulièrement réussis ('Gloria', 'Sink or swim', 'Sorry ?', 'The room', 'Celebration', 'Persons unknown' ou encore 'Assassin' et 'Nebula'); les plus récentes indiquées comme bonus ont d'ailleurs été enregistrées entre 2008 et 2009, preuve que les musiciens n'ont rien perdu de leur vitalité. Dans ces conditions, on ne peut que recommander cette compilation servie sous forme d'un beau digipack double cd...