Pollard / Daniel / Booth › Vol. 2 (Hampshire Jam 8)

Imaginons 6 synthés, autant de Mellotrons, 3 à 4 séquenceurs, une guitare aussi fumante que cosmique et un synthé qui colmate les rares trous tout en noyant les introductions et les finales d’ingénieux effets sonores aux teintes analogues. On obtient alors une immense muraille de sonorités électroniques qui valsent, ondulent et flottent dans un univers cosmique où les rythmes aléatoires et subdivisés s’enroulent dans d’épais nuages de synthés symphoniques et de Mellotrons célestes. C’est ce à quoi ont eu droit les spectateurs présents lors du 8ième Hampshire Jam qui se tenait le 31Octobre 2009. Pour cette occasion le trio Pollard/Daniel/Booth était accompagné de Jerome Ramsay (acolyte de Brendan Pollard au sein de Rogue Element) et de Ruud Heij et Marcel Engels de Free System Project. Il en a résulté en une immense immersion musicale dans un monde électronique riche et dense qui respire les effluves de Tangerine Dream, périodes Ricochet et Encore.
Hampshire I ouvre ce concert avec des effets sonores qui bourdonnent, comme des ailes de libellules, dans une mare cosmique imbibée d’effets sonores analogues. Un clavier solitaire échappe des notes qui gravitent en suspension. Des notes qui croisent un Mellotron flûté et des chœurs de moines médiévaux. Tout doucement, Hampshire I découvre une faune sonore qui dort sous un épais manteau mellotronné et s’anime peu à peu sur une séquence aux accords fébriles. Un séquenceur au tempo frétillant dont le rythme sautillant épouse un linéaire mouvement en cascade enveloppé de superbes Mellotrons aux flûtes de sarbacanes enrhumées, aux chœurs monastiques et à une brume mystique qui filtre ses enivrants effets sonores d’un lointain monde analogue. Ce mouvement séquentiel permute en percutant une bonne ligne de basse, emportant la pièce d’ouverture dans un lourd tourbillon de séquences oscillantes qui gigotent sous les langoureux incisifs solos de guitare de Michael Daniel qui eux survolent une tempête rythmique inondée de synthés qui crachent des solos symphoniques, spectrales et torsadés sur une course rythmique qui termine son parcours sur des accords de claviers qui doucement s’effacent pour faire place à une finale morphique. Hampshire II offre une splendide intro onirique où les Mellotrons dessinent de splendides auras cosmiques. Une aube électronique encore étoilée d’effets sonores analogues qui pave la voie à une approche séquentielle qui subdivise ses cadences sous les complaintes des synthés aux souffles ocrés. Un superbe mouvement séquentiel lourd et agressif dont les accords virevoltent avec force et constance sous la guitare mordante de Michael Daniel et des synthés bouillonnant de solos apocalyptiques et ondulants qui traversent un monde synthétisé bariolé de lourdes réverbérations et de stries psychédéliques torsadées. Après une intro syncrétique où le monde des ténèbres s’ouvre sous nos pieds et nos oreilles, Hampshire III offre un percutant mouvement séquentiel qui déchire ce voile introductif aux multiples étrangetés sonores. Une séquence lourde qui ondule avec force, frayant parmi une muraille de synthés et Mellotrons dont les solos et les flûtes enchantées étalent une brumeuse mystique qui ne parvient pas à en étouffer la férocité d’un mouvement qui gravite et serpente avec la force de son approche cadencée. Hampshire 3 se termine dans le tumulte qui lui donnait vie. Une superbe façon de conclure une performance musicale magique et digne du personnel en place.
Hampshire 4 est le premier Encore. Un Encore qui débute férocement, avec une séquence lourde qui se meut en un puissant mouvement de cascade, entouré de superbes flûtes mellotronnées et de synthés aux strates imbibées de brumes. Frénétique et grouillant d’une intense activité rythmique, Hampshire 4 tourbillonne dans une mer de Mellotrons aux lourdes nappes enveloppantes que la guitare de Daniel arrive à pénétrer, tout comme les superbes solos de synthés. Un gros titre lourd qui fera les délices des fans de Tangerine Dream ainsi que de Redshift. Hampshire 5 s’introduit d’une approche suavement psychédélique où une panoplie d’effets sonores hétéroclites gravite autour d’une structure introductive atonale, comme dans les années psychédéliques du Dream. Une lourde séquence résonnante perce cette toile syncrétique. Un assaut rythmique contenu par une muraille de synthés et mellotrons riches en effluves cosmiques. Mais la séquence diminue finement son intensité, offrant une cadence fragmentée qui s’infiltre finalement dans ce torrent de souffles synthétisés et mellotronnés dont les effets analogues engloutissent le tempo qui peu à peu s’effrite dans ce torrent où l’électronique épouse le cosmique. Comme dans les belles années du Dream
Pollard/Daniel/Booth Vol. 2 est magique tout comme il est tout simplement divin. Ce concert au Hampshire Jam 8 est un excellent Berlin School Revival empreint d’une superbe richesse musicale où les rythmes et harmonies sont prisonniers de splendides Mellotrons aux strates ouatées et oniriques. Un splendide album. Le meilleur de la cuvée 2010 en matière de Berlin School rétro.