Book Of Hours › Art to the Blind

Attardons nous, si vous le voulez bien, sur quelques groupes mineurs de la scène progressive. Après tout, à la base, c'est un peu pour ça aussi qu'on m'avait demandé d'intégrer la prestigieuse équipe de Guts of Darkness. Book of Hours a publié son premier disque il y a dix ans de cela. C'est déjà une vieillerie en soi. Mais quelle importance quand on s'efforce de sonner aussi daté que possible ? Pas de bol pour nos suédois, malgré le carrefour d'influences évidentes qui parsèment sa musique, "Art to The Blind" demeure un pur produit de son époque, enfant bâtard d'une ère grunge à l'agonie. Les guitares un peu sales de l'introduction instrumentale "Angloksångest" en sont l'exemple le plus éloquent. Comme souvent dans ces cas là, c'est encore et toujours l'ombre de la créature de Robert Fripp qui refait surface. Là où ça devient plus embêtant, c'est qu'on s'aperçoit assez vite que Book of Hours ne se voit sans doute pas comme une référence directe aux enluminures médiévales auxquelles il doit pourtant son nom, mais bien à un titre de leurs compatriotes Anekdoten dans le sillage duquel il tente vaille que vaille de se loger. À partir de là, tout est dit. À partir de "Fifth Dimension", on a tout compris, tant le parallèle semble évident. Toujours, cependant, cette accroche vaguement grunge qui les rapprocherait du Soundgarden période "Superunknown" : le côté un peu psyché dans les effets, la touche de noirceur en plus. Et ce ne sont pas les sommaires doubles coups de grosse caisse sur "Infinite" qui parviendront à nous faire croire que Book of Hours sont de vrais méchants. Mais n'enlevons pas aux Book of Hours le peu de mérite qu'il leur reste : oui, ils savent jouer, oui ils osent parfois s'aventurer dans des structures alambiquées à même de plaire aux amateurs de rock prog, mais leur musique reste cadenacée malgré tout dans un canevas formaté plus hard rock/métal, un peu trop timide et pas assez passionné pour vraiment convaincre. Plaisant mais ... anecdotique !