Thus:owls › Cardiac Malformations

Grosse surprise que ce Thus:Owls qui déboule début décembre, trop tard pour truster les listes des dix meilleures sorties de l'année. Pourtant, dès les premières notes entonnées sur "Yellow Desert", le charme opère dans un décor acoustique à la beauté froide, où vibraphone, accordéon, cordes, piano et instruments à vent dessinent un tapis de notes sur lequel vient se poser le chant sensuel d’Erika Alexandersson, oui, la même jolie demoiselle qu'on a l’occasion d’entendre et de voir au sein de Loney Dear. Concours de circonstance, à quelques mois d’intervalle, "Cardiac Malformations" apparaît subitement comme la facette angélique d’un diptyque dont l’aspect démoniaque et corrosif serait incarné plutôt par le "Prince of Truth" de Carla Bozulich et son groupe Evangelista. Les deux formations, et les deux disques, possèdent cette même qualité cinématique indéniable qui apporte à leurs compositions ce relief indéfinissable qui donne envie de scruter l’horizon plus longuement afin d’en percer tous les mystères. Les deux chanteuses aussi font preuve d'une forte personnalité, Alexandersson cultivant sans doute malgré elle un petit côté PJ Harvey pas déplaisant. Si le groupe de l'américaine nous entraîne dans des contrées hostiles et peu accueillantes, Thus:Owls évoque les landes glacées de leur Suède profonde, procédé peut-être plus fourbe et plus malicieux encore puisque derrière ce paysage que l’on croit sans vie, à l’apparente quiétude, se cachent des mélopées fantasques, des arrangements retors, des mélodies capricieuses et des compositions au raffinement malicieusement étudié. Encore un de ces poisons lents auquel il est difficile de résister ...