Clair Obscur › We gave a party for the gods and the gods all came

2004, Clair Obscur reprend du service...Dubitatif, j'ai changé d'avis après un concert à Strasbourg. Rien à voir avec la folie décadente des shows d'antan mais les frères Demarthe avaient gardé un charisme certain. 2009, Clair Obscur sort un nouvel album. Rien d'une décision née de l'enthousiasme, le groupe a visiblement pris son temps, pesé le pour et le contre avant de l'enregistrer. Malgré tout, quelle déception ! Et pourtant, ça démarrait très fort avec 'Es war', excellent morceau de cold wave moderne, mêlant la rage du chant en allemand, des guitares appuyant le froid de l'électronique... Mais 'It'll be allright' ?!? Une horreur de titre dancefloor plat, commercial à souhait...De la part d'un groupe ayant dénoncé la vacuité de la simple musique à danser, c'est à se pendre par les pieds ! Ouf, 'Rain' rectifie de par sa basse en boucle, son feeling bien post punk...Après tout, chacun a droit à une erreur. Hélas, les faiblesses vont se succéder, à commencer par la reprise du 'Cry no more' des Poison Girls en acoustique, énervante au possible avec ses petits vocaux en arrière-plan; heureusement la fin plus électrique et le chant plus enragé sauvent l'illusion. Que dire de la pop froide de 'I hope you're fine' ? Banale à en pleurer, le seul intérêt étant l'usage d'un sample de conversation téléphonique où se pose la question d'une sortie au spectacle. Faut-il se forcer ? Est-ce là l'approche correcte de l'art ? Plus réussie, la ballade 'This song is for you G.P.O' avec son affirmation: 'We're only playing to be still, not to be found dead and stinking', ses boucles tristes et son feeling à la Lou Reed. Le pire reste à venir, 'Mon ami, mon frère' simpliste à l'écoeurement durant laquelle Christophe se contente de citer des noms de personnalités politiques françaises sur fond de tube electroclash vide de sens, en les affublant du titre ('mon amie, ma soeur pour les femmes). Il y a certainement un sens très profond derrière tout ça mais j'avoue que là, ça sonne surtout adolescent et prétentieux. Ce disque traîne en longueur et voilà que le groupe nous balance une énième version de 'Blume' plus froide et contemporaine; pas désagréable, mais sont-ils à ce point en panne d'imagination ? Surtout que suit une autre relecture, 'The last encounter' version instrumentale stridente pour batterie et distorsions; Clair Obscur renoue avec sa touche expérimentale et il était temps car on s'ennuyait ferme. Le disque s'achève par une reprise quasi religieuse (l'orgue) du 'Decades' de Joy Division plutôt réussie, encore que le chant me semble un brin trop poussé au mixage mais ne cherchons pas la petite bête. Inutile de le cacher, je suis déçu, voilà au final une production aussi vide que l'artwork dépouillé du livret, le genre de galette qu'on écoute en se demandant quelle peut bien être son sens...Les rares bons titres n'aident pas à répondre hélas.