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Hugo Alfven (1872-1960) › Symphonie n°1

  • 1998 • Naxos 8.553962 • 1 CD

cd • 10 titres • 70:32 min

  • 1Festspel, Op. 25 (festival overture)5:29
  • Suite from Bergakungen (the moutain king)|16:00
  • 2Besvärjelse (invocation)3:38
  • 3Trollflickans dans (dance of the troll maiden)6:11
  • 4Sommarregn (summer rain)2:08
  • 5Vallflickans dans (dance of the shepherd girl)4:03
  • Uppsalarapsodi, Op.24 (svensk rapsodi nr.2)
  • 6Uppsala rhapsody - swedish rhapsody n°210:58
  • Symphony n°1 en fa mineur, Op.7|34:47
  • 7Grave-allegro con brio13:17
  • 8Andante8:18
  • 9Allegro molto scherzando6:53
  • 10Allegro ma non troppo9:18

informations

Produit et enregistré par Tim Handley au Henry Wood Hall, Glasgow, du 21 au 22 mai 1996.

Je ne connais pas d'autres interprétations. Elles sont rares, de fait. Ce vol. 1 Naxos des oeuvres pour orchestre d'Hugo Alfvén est un très beau disque où le chef Niklas Willén et le Royal Scottish National Orchestra se montrent particulièrement à l'aise. En plus de sa musicalité, ce recueil n'a pas comme seule autre qualité d'être issu d'un label dit économique : son autre pièce de résistance, la suite Bergakungen, étant une des autres partitions essentiellement dramatiques du compositeur suédois.

line up

Royal Scottish National Orchestra; Niklas Willén (direction)

chronique

  • musique symphonique - romantique

Si Grieg le norvégien, Sibélius le finlandais et Nielsen le danois ont acquis une stature internationale qui ouvrit à la musique scandinave les portes du monde, la suède avait Hugo Alfvén, compositeur qui à l'instar d'un Grieg, s'employa à exalter sa patrie dans une musique cultivée à l'école de Leipzig, mais fondamentalement pétrie et nourrie de son folklore national. La grande musique classique scandinave est née à cette époque, au crépuscule du XIXème et du romantisme, sous l'impulsion patriarcale du génie norvégien; la suède ayant ignoré le visionnaire Berwald qui ne profita de l'ouverture des portes qu'à titre posthume, et bien peu. La suède eut donc Alfvèn. La musique du suédois est archétypique du monde scandinave : une musique identitaire, narrative et visuelle, dont les deux sources d'inspirations sont les légendes nordiques et leurs nombreuses ténèbres, et la nature sauvage, les paysages grandioses, de l'automne à l'hiver, de la scandinavie. Chez Alfvèn, pourtant, majoritairement positive et enjouée, elle ne se laissa que rarement aller à la mélancolie, à la tristesse ou à l'obscurité, sinon dans ses symphonies. Sa première symphonie en fa mineur est une oeuvre de jeunesse, sans doute moins intense que les puissantes et singulières 4 et 5ème, sommets de l'art dramatique du compositeur. Un grondement de timbales et le chant solitaire d'un violon, une entrée en tristesse avant les premières hostilités. Hautement mélodique, le suédois livre une partition agitée et tempétueuse où les poussées héroïques naissent de levées d'orchestre dramatiques... une succession de crescendos du calme à la violence, majestueux et funestes, dont certains s'épanouissent finalement en élans victorieux, épiques et puissants, mais éphémères. Sous les thèmes exaltés et patriotes courent de fait des harmonies profondes, des cordes noires et grondantes en persistance du climat dramatique qui nous a mené là; les poussées d'allégresse à leur tour englouties par le ressac violent d'un orchestre orageux, et tragique. Alternant l'inquiétude et la mélancolie, les moments de calme révèlent l'amour du compositeur pour la peinture, sa pratique savante dans l'art du paysage, de l'arrière plan et de la profondeur, ses dons de coloriste travaillant les nuances, les clartés et les ombres dans un épanchement mélodique constant et ouvragé. Ici, la nostalgie l'emporte souvent. Il y a quelque chose, dans cette symphonie, qui se refuse à l'optimisme. Les fiertés, les joliesses, les motifs dansants échappés du folklore seront chaque fois noircis, raidis jusqu'à la rupture par des biais sous-jacents; les thèmes les plus joyeux obliquent en quelques mesures sous l'effet de forces harmoniques pathétiques vers les éclats dramatiques les plus puissants et sombres : des explosions mélodiques de cuivres vindicatifs, ténébreux et funèbres, des cordes emportées s'élevant comme la tempête. Ainsi, passé un court Allegro consacré à la joie, le final est-il une lutte constante entre l'orage et les élans patriotes, la défaite et le fier espoir, le noir et l'or, dans laquelle la force dévastatrice du négatif finit, toujours, par s'imposer. Nous sommes au coeur d'une musique profondément romantique où les notes n'agressent que peu: les mélodies sont belles, riches et changeantes, les timbres multiples; hautbois, flûtes, violons, altos et cuivres : en parfait scandinave, Alfvèn compose un film, il raconte, donne à voir, il décrit et dépeint avec force couleurs, et un sens harmonique qui se refuse à déranger. C'est le déploiement des thèmes violoneux, la danse des possibilités orchestrales, le ballet des séductions, le suédois n'envisageant d'autre finalité première à son travail que l'expression de la beauté. Passées les merveilles de l'immense Edward Grieg, dont l'influence sur la musique impressionniste fut aussi fondamentale que celle de Chopin, la scandinavie ne sera que peu terre d'avant garde; elle préfèrera poursuivre sur les traces picturales et romanesques de ses pères fondateurs, durant un XXième siècle où naîtront pourtant toutes les ruptures. Elle est néanmoins un territoire aux beautés nombreuses, que notre site aurait tort d'ignorer. Au départ, donc, la Suède avait Alfvèn, et celui-ci livra dans sa jeunesse une première symphonie superbe et tourmentée, où ses dons de mélodistes et sa science de l'orchestre expriment avec splendeur la tristesse et la rage, mais aussi la fierté, l'espoir ou la douleur, avec une indéfectible générosité.

note       Publiée le lundi 28 décembre 2009

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    Khyber Envoyez un message privé àKhyber

    Jolie chronique, et compositeur interessant. Merci, je vais creuser ça!