Ufomammut › Idolum

Délaissant le doom/stoner quelque peu psyché qui les avaient révélés avec Snailking, Ufomammut reviens avec un gros bloc de doom massif, lourd et rituel, flirtant limite avec le post-hardcore par moment. Il faut dire qu’entre temps, il y a eu Lucifer Songs. Idolum est donc déjà leur 4ème disque si l’on exclut le split avec Lento. Deux des trois membres du groupe sont encore plus connus sous le nom de Malleus, talentueux illustrateurs de pochettes de disques et d’affiches de concert. Ce qui explique les remarquables pochettes du groupe…
Idolum, donc. Un mot latin qui signifie à la fois Idée et Fantôme, d’après le texte-promo. Un disque assez difficile d’accès, peut-être trop long, et assez pauvre en structures en en composition. Qu’à cela ne tienne, les italiens se rattrapent sur la lourdeur, via des morceaux-fleuve de Doom titanesque comme Hellectric, Nero (que de références antiques !), ou l’excellente intro Stigma quand ils ne misent pas tout sur l’agression pure (Stardog, Destroyer). Mais quelque chose leur manque. Sont-ce les vocaux de Rose Kemp, brillante sur un Ammonia qui illumine un peu le cœur du disque ? Ceux d’Urlo, sur Void, se font lointains, appels à l’aide absorbés par le vortex de guitares intestines, infernal océan de lourdeur submergeant quelques samples d’appels radio… Certes, tout cela est fort bien fait et atteste d’une maturité artistique indéniable, mais est-ce bien le moment pour un énième groupe d’obédience Neurosis ? Le feuillet promo cite également Mogwai et Pink Floyd, références attrape-gogos déjà copiées jusqu’au trognon et dont Ufomammut est bien loin, fort heureusement. Le disque s’évanouit lentement sur Elephantom, longue plage de drone (sans doom) accueillant Lorenzer du groupe Lento à la guitare, de toute évidence étirée au maximum pour atteindre les sacro saintes 66 minutes 6, qui s’achève fort heureusement, au bout de 10 minutes de bourdon un peu chiant durant lesquels une voix de frêle jeune femme laissée à l’abandon dit "don’t go !" (vous voyez le genre ?), sur une gros cerbère doom qui vient bouffer tout cru notre jouvencelle, donnant au passage un sens à ce remarquable titre de chanson. Toujours est-il que malgré les très nombreuses écoutes, on ne peut s’empêcher de considérer ce Idolum comme une amère déception. Du gros calibre un peu vain.