Qu'attendre d'un quatuor suédois toutes guitares dehors qui choisit comme nom de scène "La Guerre de Trente Ans" ? En toute logique, quelque chose de bestial, de dur, en un mot comme en cent : de sévèrement burné. Quelque chose qui bourrine sans réfléchir, qui privilégie la puissance de l'attaque à l'effet de surprise. Il y a de cela, il est vrai. Mais pas seulement, même si aux côtés des contemporains de Dice, Kaipa et autre Älgarnas Trädgård, ils furent à cette époque les seuls représentants de ces contrées froides à s'abandonner avec tant de volupté à l'explosion de décibels. Car, de fait, Trettioåriga Kriget est le digne enfant de son époque ; il pratique un hard rock lourd porté par une basse tour à tour chantante ou ombrageuse et des guitares prolixes qui donnent le ton. Parce que leurs compositions ont l'audace de s'aventurer dans des dédales alambiqués et remuants qui transforment chacun de leurs titres en formidable histoire à rebondissement tout en relâchant la pression, nos suédois peuvent clairement revendiquer l'appelation progressive qui les éloigne ainsi des Zeppelin, Sabbath et autres Purple dont ils demeurent malgré tout de dignes et fidèles représentants. Un peu à la manière des anglais de T2, ce choix qu'ils assument plutôt deux fois qu'une va les préserver d'une reconnaissance internationale sur le court terme mais n'en finira pas, sur le long terme, d'inspirer une ribambelle d'autres groupes qui émergeront bien des décennies plus tard ; le timbre et les inflexions du chanteur Robert Zima - quand il ne tente pas d'atteindre les mêmes hauteurs que Gillan ou Dio - nous ramenant tout naturellement aux premiers essais de Landberk (chant en suédois compris), et puis, bien sûr, Anekdoten dont le morceau "The Wheel" sur "Vemod" se calque de manière trop parfaite que pour être honnête à la progression rythmique de "Röster Från Minus Till Plus"... Tout ceci faisant de Trettioåriga Kriget un groupe éminemment respectable et sympathique sans pour autant provoquer un déchaînement de passion démesuré.