K.U.K.L. › The eye

K.U.K.L.('sorcellerie' en dialecte islandais) mérite bien son patronyme tant sa musique, bien que clairement inspirée de la cold wave et du post punk goth, exprime des aspects rituels, quasi chamaniques, notamment dans le côté répétitif et lancinant de la rythmiques et du chant possédé de la paire Björk/Einar. Le groupe se voulait un collectif de musiciens avant-gardistes de la scène underground de Reykjavik, ce qui se ressent dans le besoin d'expérimenter au sein de structures post punk plus familières, d'où une certaine parenté avec les Virgin prunes. Peu progressifs, les titres de K.U.K.L. jouent plutôt sur un aspect répétitif pour plonger l'auditeur dans une transe tribale (le côté roulant de la batterie ne fait qu'accentuer cet aspect), à cela s'ajoutent des guitares torturées, une basse plombée puis ces fameuses touches particulières (un éclair de trompette par-ci, des notes d'harmonium par-là...). L'élément majeur pourtant reste le chant: lui aussi répétitif, il glisse parfois vers le complètement possédé ou le décadent (l'excellent 'Dismember' où le chant de Einar évoque volontiers les Virgin prunes, ou les 'miaulements' agonisants de 'Seagull'); à ce jeu-là, la jeune Björk s'assure déjà une identité vocale reconnaissable entre mille. Le groupe va plus loin en ajoutant des intermèdes quasi ethniques à coups de percussions traditionelles, de sons de flûtes ('Moonbath', 'Handa Tjolla'...). Autre qualité de 'The eye', s'il peut surprendre à la première écoute, il fascine et délivre des secrets insoupçonnés de par son côté organique au fur et à mesure des écoutes: K.U.K.L. ou la magie noire islandaise...