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Enregistré par Efrim Menuck à l'Hotel2Tango, Montreal - Co-produit par Shahzad Ismaily - Masterisé par Harris Newman
Erika Anderson (guitare électrique), Carla Bozulich (effets, samples, boucles), Carla Bozulich (voix sur morceaux 1 à 4, 6 à 9 ; écrit par : morceaux 1, 3, 4 à 6, 8, 9), Thierry Amar (Double basse, morceaux 1, 2, et 5) Nadia Moss (Piano, Orgue sur morceaux 1, 5, et 6), Beckie Foon (Violoncelle), Gen Heistek (viole, choeurs), Jessica Moss (violon, voix sur 'prince of the world', choeurs), Efrim Menuck (Piano, choeurs, Tremolo de guitare), Shahzad Ismaily (batterie, guitare acoustique, voix, synthé casio), Ian Ilavsky (basse), Corey Fogel (batterie), Erzla Buchla (viole, mandoline sur 'prince of the world', effets sur 'baby')
Artwork par Nadia Moss
Il y a peu, je vous parlais de la bande-son de Silent Hill 2. Eh bien Carla Bozulich, c’est un peu comme si la brune perdue que vous croisez dans le cimetière au début enregistrait un disque. Perdue dans la brume, haranguant les passants ou les camions qui passent, criant la perte et la douleur dans l’indifférence la plus totale, Carla Bozulich est une chanteuse de gospel boueuse qui crache ses cantiques de malheur avec le grain de voix d’une sorcière du Wisconsin. Une prêcheuse alcoolique, au fiel et au larmes corrosives comme de l'acide, dont on se retrouve prisonnier, esseulé et la chair à vif. A la fois très cabaret et intimement religieux, « Evangelista », son deuxième album, est en quelque sorte l’aboutissement d’un genre qu’elle est la seule a avoir brevetée : le blues/post-rock hurlé (quant on ne parle pas de country, pour son album précédent, "Red Headed Stranger", réappropriation de Willie Nelson). Une candidate potentielle au titre de « Tom Waits au féminin », même si, sérieusement, si cela peut inciter a écouter l’album, les écoutes successives ne permettent pas vraiment d’établir une carte des influences… « Evangelista » est unique, habité, desespéré, et tellement couvert de poussière que chaque son et chaque instrument y toussote du début à la fin. L’album est construit comme une vieille bicoque toute brinquebalante : d’abord un pic d’intensité intolérable pour les ames trop sensibles, la tressaillante plage-titre, à ranger entre l'intensité de l'organe de Diamanda Galas et les atmospheres d’A Silver Mount Zion, puis une nette accalmie, plus propice aux morceaux ambient sur lesquels la dame semble déclamer des poemes improvisés, comme pour créer un effet, une atmosphère, mais sans la volonté de faire une « chanson » ; puis en milieu d’album, la tension augmente à nouveau avec un « Baby, that’s the creeps » revenchard et poignant et ce « Pissing » que je n’ose plus écouter, une reprise de Low encore plus terrassante que l’originale, de quoi faire pisser des larmes a la mort elle-même… Et ça redescend encore à nouveau avec le trop court « Prince of the world », à la chorale enchanteresses, et l’intropectif « Nel’s box », plus opaque et lointain, avant de se terminer par "Evangelista 2"... Si l'idée de prêcher des poemes très personnels sur un ton frontal et urgent peut rappeller Patti Smith, n'oublions pas qu'on est ici sur le label Constellation. Orgues, cordes et ambiances proches de Silent Hill justement (ce qui n’exclut pas quelques bruits parasites...) sont donc au programme, des membres de divers collectifs du label étant venus prêter main forte à l'artiste, avec les Black Ox Orkestar aux violoncelles et la présence d'Efrim, le leader mangeur de journaliste de GY!BE (On relève aussi un membre des Secret Chiefs 3). Ce qui serait bien peu étonnant si Carla Bozulich avait été Montréalaise. Or, elle est new-yorkaise... C'est la première fois que l'instransigeant label signe un artiste non-canadien ! Peut-etre que le passé de Carla en tant que leader des Geraldine Fibbers jusqu'en 98 (Ne connaissant pas son nom, j'avais cru que Carla Bozulich était son nouveau groupe, avec le même genre de nom...), des Ethyl Meatplow et des Scarnella a joué en sa faveur. Toujours est-il qu'il s'agit d'un disque halluciné et névrotique, un de ceux qui ont ce petit supplément d'âme qui fait qu'on ne doit pas les oublier. "Evangelista" est le genre de disque peu facile d'accès mais intègre jusqu'à l'os dont l'existence même est un miracle.
note Publiée le lundi 11 juin 2007
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