Ashra › @shra Vol. 2

Avec le temps, Sunrain est devenu un hymne électronique. Une pièce anthologique, entièrement écrite et jouée sur un synthé. Superbe sur New Age of Earth, elle prend une toute autre dimension sur ce concert. Les percussions de Grosskopf ajoutent un tempo plus cadencé, mais pas trop. Juste ce qu’il faut pour nuancer les modulations et donner une profondeur inouïe aux nappes volantes et flottantes d’un synthé mellotronné qui transcende les premières effervescences d’une mélodie électronique. Un titre incroyablement doux de la 1ière mouture d’Ashra. Et cette interprétation donne le ton à cette 2ième portion d’une série de concerts donnée au Japon n 1998. Et ce n’est que 4 ans plus tard, que ce volume 2 nous est présenté. Si le volume 1 possédait un tempo infernal, le volume 2 reflète la personnalité électroprogressive d’Ashra, sans pour autant effacer l’approche techno.
Four Guitars, initialement de Walkin’ The Desert suit la même courbe mélodieuse que Sunrain.. La guitare y emprunte le même sentier bouclé, mais en plus doux. Göttsching est à l’avant scène et nous hypnotise avec une guitare qui flotte et se campe au tempo minimalisme d’un mouvement soyeux où les accords se multiplient sur les effets échotiques, comme si il y aurait bel et bien 4 guitares. Je préfère, et de loin cette version, que l’originale que j’avais trouvé quelque peu aride.
Hausaufgabe est méconnaissable et explique la vision de Göttsching sur ses rythmes répétitifs, car sa conception permet un modelage constant, à toute vision pour chaque époque. Ici, Ashra lui donne une texture techno minimalisme bien modelé, et je suis convaincu que MG pourra lui donner la conception qu’il lui conviendra dans 15 ans. Il y a du génie derrière ses yeux allumés. Oasis reste Oasis. Une belle pièce estivale avec un rythme des îles où la fête et le rhum semble éternel. Son impact est aussi étrange dans ce décor mi électronique mi-techno, que sur Correlations. Une des belles pièces du répertoire d’Ashra.
Le concert se termine sur Move 9 Up, un titre multi couleur où Göttsching est dans une forme resplendissante. Les synthés sont incroyables et endossent une sonorité d’instruments aux chaudes sonorités. Comme un sax fondant sur des rythmes enflammés, soutenus par de bonnes percussions et une bonne structure de basse, ainsi que des bons riffs de guitares qui préparent l’entrée de MG sur sa six cordes. Les solos sont implacables et percutants. C’est plus qu’évident que Göttsching est dans une classe à part. Un grand guitariste à la renommée restreinte par inculture d’une presse bourgeoise. Pourtant, ces solos percent n’importe quel voile musicale. De sa guitare il sculpte solos et accords, tout en amarrant des passages accrochent cœur. Des solos juteux et bien ciselés qui découpent l’arc sonore avec la précision d’un laser. Un croisement entre Santana et Hendrix, pour la vitesse, la dextérité et Ashra pour l’intelligence, les boucles et le côté électro-progressif; qui étonne par sa consistance et ses rythmes latinos. D’ailleurs c’était la seule référence, ce qui démontre qu’Ashra et/ou Manuel Göttsching sont bel et bien seul dans leurs bulles créatives, aux portes d’une postérité post contemporaine.