Archgoat, c'est culte ! Archgoat, ce sont les pionniers avant les pionniers. Archgoat, c'est primaire au-delà du primaire. Et enfin, Archgoat, c'est le black metal puriste jusqu'au boutiste ! Il s'agit d'un trio, anciennement one-man-band, finlandais créé en 1989. A l'époque, le groupe n'a sorti durant ses 5 premières années d'existance que quelques démos (studio et live) ultra-limitées et confidentielles, dont un split (heureusement réédité depuis) avec Beherit. Point. Le groupe a splitté puis s'est reformé en 2005 avec un EP 3 titres dont le seul but est de dire "eh oh, on est de retour." Voici qu'enfin en 2006, Archgoat sort, 17 ans après sa formation, son premier album studio ! Jouer du black metal primaire n'est pas dur, une guitare sale et grésillante, une grosse basse, une batterie linéaire et des vocaux d'outre-tombe, et le tour est joué. Jouer du black metal primaire non monotone ET excellent est beaucoup plus dur et la limite entre un album bon et mauvais dans ce genre est parfois bien mince. Dans le cas présent, cet album est clairement dans la catégorie des sorties excellentes. Le son de caverne est là et bien exploité avec sa guitare aigüe, sa (très) grosse basse et sa batterie à 3 tempi (blast, up-tempo, mid-tempo), mais ce qui place Archgoat au-dessus de la concurrence, ce son ces enchainements judicieusement bien placés et ces vocaux hallucinants, lointains mais présents, pareils à un vieux râle ample, comme si la Mort elle-même se mettait à chanter. L'atmosphère macabre est impressionnante, insondable. L'album propose aussi un deuxième CD bonus avec 2 concerts, l'un de 2006 vraiment excellent démontrant que la musique du groupe rend très bien sur scène avec un côté chaotique plus prononcé, l'autre datant de 1993 et issu d'une VHS abominable. Le son et l'image sont ignobles et l'intérêt s'arrête là. N'empêche, on a au final un objet (superbe Digipack) et un album dignes de la réputation du groupe. Une véritable ode au Malin, noire et malsaine. Un must.