Moondream › Dreamland

Quelle horrible pochette! À voir ses milliers d’oiseaux s’enfuir dans un couché de soleil Africain, est loin d’être représentatif de la MÉ, et encore moins de la musique de Moondream, un nouveau venu sur étiquette SynGate qui fait une musique très électronique. Pas une once de ‘’soundscapes’’, ces étranges lamentations désertiques. Piloté par Volker Schmidt, Moondream nous présente un 1ier opus, campé sur un mouvement séquentiel rotatoire. Un mouvement tourbillonnant qui nous aspire dans une hypnose envoûtante. Accouplé de rythmes variés, ce cd me rappelle drôlement l’univers musical de Software. Un célèbre duo musical Allemand composé de Peter Mergener et Michael Weisser, qui nous offraient un monde où la fiction côtoyait l’harmonie.
C’est plus qu’apparent avec Intro, un titre lourd aux nappes éthérées qui flottent dans la noirceur et la tranquillité spatiale. Les modulations sont denses et façonnent un mouvement poétique sombre, froid. Adrastea part II offre toute une autre cadence. Une batterie martelante sur une séquence lourde hoquetante et hachurée initient un rythme de guerrier enveloppé de strates fumantes à la Synergie, de Larry Fast. Un titre agressif, dont le martelement se fait hypnotique, sur des chœurs fantomatiques et des rythmes déviants sur des synthés sifflants. Quoique la structure rhytmique soit similaire, une pause sépare Adrastea part II de Welteninseln. L’effet aurait été meilleur sur un fondu. Toujours est-il que cette pièce est une continuité rythmique, à peine nuancée. Cette structure séquentielle spiralée sera la principale source rythmique de Dreamland. Nous sommes dans un univers musical très influencé par Software. L’idée est de construire un rythme qui s’habille, à mesure de sa progression, avec des éléments errants dans un mode spatiale façonné par ordinateur. Le jumelage est étonnant et donne une synergie harmonieuse insoupçonnée. Des séquences programmables sur des airs sifflés ou des solos tellement fin et mielleux, avec des gémissements striés par des souffles synthétisés, dans un monde noir où les courses se font dans les couloirs sombres. Fou et déviant, Welteninseln nous amène à la pièce titre qui continue son martelement intense, mais plus étouffé. Un titre lourd aux modulations claires avec des échantillonnages de Visage avec Fade to Grey.
Après des coups de tonnerres électroniques et des mouvances statiques, Spheric Dreams reprend cette route de guerrier de l’espace avec un tempo alourdit par les effets sonores qui tapissent la flore musical. Stardust et Starlander suivent, chacun avec sa particularité sonore. Si Stardust est violent, Starlander est tout le contraire sur un rythme doux, mais soutenu. Forbidden Tears démontre la capacité de Moondream pour façonner les situations complexes et progressives. Un long titre aux rythmes ambigus, qui flirtent avec les processions violentes d’une guerre des clans et les atmosphères des vainqueurs et vaincus. Un synthé à la fois noble et conquérant, triste et nostalgique. Un excellent morceau pour clôturer un titre très fort, avant que Outro ne vienne fermer le couvercle de la créativité influencée, mais combien belle, sur de lourdes strates aux résonnements intimidants.
Malgré une séquence qui se répète sur différentes modulations, il y a peu de moments longs sur Dreamland. Volker Schmidt réalise un tour de force digne des grands artistes matures de la MÉ. Ses mouvements sont fluides, harmonieux dans des sphères aux différentes altitudes. Il faut écouter attentivement afin de saisir toutes les nuances et les sonorités cachées ici et là sur Dreamland. Un titre avec une affreuse pochette qui peut induire le monde en horreur! Lothar, va chercher le pinceau!