Gary Numan › Warriors

'Warriors' me paraît un album assez spécial de la discographie de Gary Numan pour son côté que je qualifierais de vénéneux. Si à priori ses instrumentations sont marquées par des touches 80's assez marquées (slaps de basse, choeurs féminins, saxophone...) et que notre homme est alors unanimement reconnu comme un grand artiste pop, il recèle en réalité une tristesse froide, presque inquiétante. Elle est évidente dans les textes mais également dans les climats de plusieurs morceaux, notamment l'excellent titre éponyme dont les sonorités froides glissent comme une menace ('Thin air like cold death here in my heart'). 'This prison moon' sonne plus rythmé, pourtant la manière de poser le chant lui confère quelque chose de désenchanté qui contraste singulièrement avec le saxophone et les choeurs féminins; cela me semble plus flagrant encore sur un 'The iceman comes' plus calme et groovy. L'auditeur attentif risque pourtant de ressentir un léger malaise car au delà de l'insupportable saxophone et du calme apparent, quelque chose cloche. C'est peut-être là le talent de Gary Numan, cette habileté à glisser des touches expérimentales, inquiétantes dans une musique pop. D'ailleurs s'agit-il bien de pop ? En surface peut-être mais il n'y a rien de facile dans ce disque, aucune mélodie réellement catchy, aucun beat ouvertement dansant...'Warriors' demande pas mal d'écoutes pour s'apprivoiser et pour peu que l'on fasse abstraction des insupportables lignes de saxo, des choeurs féminins, révèle plus de venin dans son feeling qu'il ne le laissait supposer à première vue.