The Taj Mahal Travellers › August 1974

Les Taj Mahal Travellers récidivent avec un double album. Même contexte, même approche, quasi même formation (le percussioniste Hirokazu Sato grossit les rangs sans que cela porte à conséquence)... Du coup, de deux choses l'une ; soit on adhère complètement, heureux de retrouver cette musique aux qualités kinétiques indiscutables, soit on se décourage d'entrée de jeu à l'idée de devoir se taper un programme deux fois plus long que le premier et qui, par ailleurs, semblait déjà interminable. Pas de place pour l'entre-deux. Le propre de l'improvisation, c'est de laisser libre cours à son imagination et de s'émanciper de toutes formes de dogmes ou de structures. Une écoute distraite nous induirait vite en erreur ; le drame, c'est que des albums tels que ceux-ci ne peuvent délivrer leur mystère que si on fait l'effort de s'y abandonner complètement. Sur la route de Katmandou, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives sur le paysage alentours seulement après avoir parcouru les quelques premiers kilomètres. D'autres choses, d'autres surprises nous attendent sans doute par delà. Et pour cela, il faut être dans de bonnes dispositions, dans un état d'esprit réceptif. "August 1974" est certes plus imposant. Mais il est peut-être aussi plus mystérieux. Les ambiances générées sont toujours plus inspirées des ragga indiens, tout en se détachant encore plus des quelques derniers éléments qui rattachaient encore les Taj Mahal Travellers à la culture occidentale (plus d'harmonica, moins de guitare aussi). La première improvisation s'inscrit dans la suite logique de "July 15, 1972", mais ce sont les suivants qui laissent transparaître le mieux ce côté transcendental : purement mystique sur la seconde plage, plus tribal sur la troisième, et un beau résumé de tout ça sur la quatrième. Pour le meilleur et pour le pire.